Etats-Unis - Brésil: rôle mondial, dynamiques territoriales (2ème partie)
Publié le 2 Février 2020
THÈME 3: LES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES GRANDES AIRES CONTINENTALES
Chapitre 2: États-Unis - Brésil: rôle mondial, dynamiques territoriales (suite et fin)
III – LE BRÉSIL ET LES ÉTATS-UNIS, DEUX TERRITOIRES EN MUTATION.
1. Deux territoires qui conservent les traces de leur origine européenne.
L'histoire des deux pays est liée aux conquêtes coloniales qui ont suivi les grandes explorations et la découverte du « nouveau monde ». La colonisation portugaise au Brésil a débuté au XVIème siècle sur la côte nord-est et à partir du XVIIème siècle au nord-est de l'Amérique du nord avec les britanniques. A partir de ces bases côtières, la conquête des territoires a progressé vers l'intérieur par des fronts pionniers mais à des rythmes très différents:
-
aux États-Unis, la conquête de l'ouest, accélérée par la ruée vers l'or (1850) et par l'achèvement du chemin de fer transcontinental (1870), a permis d'atteindre le pacifique dés la fin du XIXème siècle.
-
Aux Brésil, des cycles économiques ont organisé le territoire du pays en bassins d'exportations, privilégiant tout à tour le Nordeste (cycle de la canne à sucre aux XVIème et XVIIème siècles), le nord-ouest au XVIIIème et XIXème (exploitation minière du Minas Gerais et caoutchouc vers Manaus) puis le sudeste (cycle du café). Le pays a donc connu une mise en valeur régionale progressive (du nord vers le sud). Depuis le milieu du XXème siècle (construction de Brasilia en 1960), le processus de conquête et de maitrise territoriale s'effectue vers l'intérieur.
Cycles économiques et formation du territoire brésilien
Ainsi, l'inégale répartition de la population et des activités économiques est donc largement héritée de cette colonisation.
-
Aux États-Unis, la population se concentre sur les périphéries du territoire : on ainsi note une forte concentration de la population dans le nord-est du pays (mégalopolis), lieu d'arrivée et d'installation des 1er colons européens, et dans une moindre mesure dans le sud-ouest (de Los Angeles à San Francisco), le sud (Floride, Texas) ainsi qu'autour des grands lacs (Chicago, Detroit) ; le centre est quasi vide.
-
Aux Brésil, le population est surtout implantée sur le littoral, où l'on trouve les principales villes (de Belem au nord en passant par Recife, Salvador de Bahia Rio de Janeiro et Sao Paulo vers le sud). 80% de la population se concentre ainsi dans le nord-est et dans le sud-est.
Les façades maritimes occupent donc une place centrale dans l’organisation de ces territoires, en concentrant les hommes (8 des 10 premières métropoles états-uniennes et brésiliennes ; 4/5 des brésiliens et 2/3 des états-uniens), les richesses, les activités et les infrastructures de transports. Le choix, très précoce, de développer des cultures d'exportation (coton, sucre, café,tabac...) tournées dans un premier temps vers les métropoles coloniales puis vers les marchés mondiaux expliquent en grande partie la structuration des territoires brésilien et états-unien.
2. Des mutations territoriales liées à la mondialisation
L'histoire récente et l'intégration croissante à la mondialisation de ces puissances transforment l'organisation de leur territoire respectif. Ainsi, on constate de nombreuses recompositions territoriales:
-
Aux Etats-Unis, l'Alaska est devenue une des principales régions productrices d'hydrocarbures.
Front pionnier en Amazonie

Mines de Carajas (région du Para)
Pipeline trans-Alaska
-
La valorisation des interfaces terrestres et maritimes : les littoraux et les zones frontalières terrestres sont dynamisés par la croissance des échanges. Aux Etats-Unis, c'est par exemple le cas de la région transfrontalière « Mexamérique » ou plus largement des régions de la « Sun Belt » (régions attractives du sud et de l'ouest du pays, notamment la Floride, le Texas et la Californie) qui font preuve d'un grand dynamisme économique. Au Brésil, les échanges croissants avec les voisins argentin, bolivien etc. contribuent au dynamisme des interfaces frontalières intérieures. Sur les littoraux, les ports de Belem et santarem, aux déboucgés de l'Amazonie, profitent du dynamisme des activités de l'intérieur du pays pour se développer.
-
Au Brésil, c'est dans la région du Nordeste que la crise économique se fait le plus le sentir, notamment à l'intérieur des terres ( la pauvreté progresse et les populations émigrer vers le sud.
Friche industrielle à Detroit (ancienne usine automobile Packard)
Ferme dans le Sertao
3. Les territoires de la puissance (typologie comparée)
a. Les États-Unis :
-
Le nord-est, centre historique et cœur de la puissance économique, politique et intellectuelle du pays. La région concentre les hommes (90 millions de personnes, les métropoles les plus puissantes (Chicago, NYC, Boston, Washington...), les industries (le ¾ des activités du pays) et les sièges du pouvoir économique, financier et politique. La Mégalopolis constitue l'hypercentre du territoire ainsi qu'un centre de commandement d'envergure mondiale. A l'inverse, la manufacturing belt autour des grands lacs est un espace en crise (même si elle reste la 1ère région industrielle du pays) ; une politique de reconversion économique a permis de relancer l'activité (les activités de pointe remplacent les industries traditionnelles), comme en témoigne le dynamisme de la technopole « route 128 » à Boston (corridor de développement économique regroupant le long de la route des universités – Harvard, MIT – des laboratoires de recherche et des entreprises de haute technologie)..
-
Le croissant périphérique dynamique et attractif de la Sun Belt : Les régions les plus dynamiques actuellement forment un croissant/une ceinture au Sud et à l'Ouest du pays, de la Floride à la Californie. Ce dynamisme se lit notamment dans l'essor démographique et le développement économique : agriculture californienne (vin, fruits et légumes...), activités industrielles de haute technologie (Silicon Valley en Californie), tourisme en Floride ou à Las Vegas, pétrole au Texas.... Les régions de la Sun Belt bénéficient d'un environnement naturel favorable (soleil, océan, hydrocarbures...) et de leur situation d'interface (avec l'Asie, l'Amérique latine – ALENA – et les Caraïbes...).
Les régions de la Sun Belt forment un ensemble discontinu constitué de noyaux isolés séparés par des zones moins intégrées :
-
Californie (6ème puissance économique mondiale) et le nord-ouest de la Mexamérique
-
le Texas (hydrocarbure) et la Floride (finance, tourisme)
-
industrie aéronautique vers Seattle
-
dans une moindre mesure le « Vieux Sud » en reconversion agricole et industrielle (Géorgie, Alabama, Tennessee...).
-
-
Des périphéries spécialisées :il s'agit des espaces intérieurs qui forment les véritables périphéries du territoire. Les densités de population y sont très faibles, les métropoles rares et les activités économiques centrées sur le secteur primaire. On y trouve ainsi le « grenier à blé » du pays (céréaliculture des grandes plaines), les rocheuses et ses richesses du sous-sol (ainsi que le tourisme) et enfin l'Alaska, dernier front pionnier du pays pour ses réserves en hydrocarbures.
b. Les « 3 Brésils » :
-
le Sudeste et le Sud : ce sont les régions les plus peuplées, les plus dynamiques et les plus riches du pays. Elles concentrent plus des 4/5 du PIB industriel et les grandes cultures d'exportation du pays. Sao Paulo, à la tête de la plus grande région industrielle d'Amérique latine, concentre plus de 50% de la production nationale dans plusieurs secteurs industriels (sidérurgie, chimie, automobile, haute technologie...)
=> ces régions constituent le cœur/le centre du territoire et le moteur de la croissance.
-
le Nordeste : fortement marqué par l'héritage colonial et jadis centre économique et politique du pays, la région est devenue la plus pauvre du pays à la suite de la fin du cycle de la canne à sucre. Elle constitue en foyer de départ pour les populations qui partent vers le sud et le centre et donc une périphérie marginalisée.
-
l'ouest : il s'agit de l'espace pionnier intérieur en plein développement. Il attire les hommes et les investissements. Le dynamisme s'appuie sur l'agriculture d'exportation, l'élevage extensif et l'exploitation minière. La conquête intérieure se fait au détriment de la forêt amazonienne et des populations amérindiennes qui y vivent. L'intérieur constitue donc une périphérie en voie d'intégration, témoin du dynamisme du pays et de la volonté d'achever la conquête et la maitrise du territoire national. La construction de Brasilia (conçue par l'architecte Oscar Niemeyer) en 1960 et son statut de capital fédérale, est le symbole de cette « marche vers l'ouest ».