La Chine et le monde depuis 1949 (2ème partie)
Publié le 23 Mars 2020
THÈME 3 HISTOIRE : PUISSANCES ET TENSIONS DANS LE MONDE DE LA FIN DE LA 1ÈRE GUERRE MONDIALE À NOS JOURS.
Chapitre 2 : la Chine et le monde depuis 1949 (suite et fin)
Mao mort sur la place Tian'anmen (1976)
II - DU DÉBUT DES ANNÉES 1960 À LA FIN DES ANNÉES 1970 : UNE PUISSANCE DÉSIREUSE D’AUTONOMIE DIPLOMATIQUE MALGRÉ SES BLOCAGES INTÉRIEURS
1. La rupture sino-soviétique
Le rejet par Mao de la coexistence pacifique :
Les dirigeants chinois accueillent mal les directives prises lors du XXème congrès du Parti Communiste d'Union Soviétique en février 1956 (3 ans après la mort de Staline). Ils s'opposent notamment au mouvement de déstalinisation, en contradiction avec le culte de la personnalité organisé autour de Mao en vigueur à l'époque. Ils rejettent aussi l'idée d'une coexistence pacifique avec les États-Unis ; cette doctrine politique développée par le nouveau dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev (sans concertation préalable avec le pouvoir chinois) pose le principe selon lequel les deux superpuissances de la Guerre Froide abandonnent la perspective d'un conflit armé tout en maintenant l'affrontement sur d'autres plans (scientifique, économique, sportif...). Mao, de son côté, souhaite poursuivre une ligne politique plus dure vis à vis du « tigre de papier » américain.
En cherchant à s'imposer comme une véritable puissance régionale (re)naissante, la Chine va être amenée à se détacher de son allié soviétique, à se « libérer » de l'URSS.
A partir de la fin des années 1950, la concurrence entre la Chine et l'URSS au sein du bloc soviétique devient donc de plus en plus prégnante : elle s'exprime aussi bien dans le positionnement face aux États-Unis que dans le choix du modèle de développement et le soutien aux pays du Tiers-monde. La tension monte entre les deux grandes puissances communistes...
La montée des tensions.
La rupture entre la Chine et l'URSS prend tout d'abord la forme de critiques verbales de la part des deux camps (critiques publiquement formulées à partir de 1960). C'est ainsi qu'à l’occasion d’un congrès du parti communiste roumain en juin 1960, Khrouchtchev et le représentant chinois Peng Zhen s’affrontent ouvertement : Khrouchtchev traite Mao de « nationaliste, d’aventurier et de déviationniste » et Zhen critique Khrouchtchev pour son comportement « patriarcal, arbitraire et tyrannique ». En 1962, Pékin reproche à Moscou son attitude lors de la crise de Cuba en dénonçant à la fois son « aventurisme » et sa « capitulation » lors du dénouement de la crise. Lors de la guerre sino-indienne de 1962, le gouvernement soviétique prend ouvertement parti pour l'Inde et se détache un peu plus de son encombrant voisin chinois.
L'indispensable indépendance nucléaire chinoise.
La Chine affirme un petit peu plus encore son indépendance en faisant exploser sa première bombe A en octobre 1964. Si l'ambition de doter la Chine de l'arme atomique était à l'origine soutenue par le Kremlin (avec par exemple la signature du traité de coopération nucléaire de 1957), les autorités soviétiques se ravisent rapidement : ils abrogent le traité de coopération en 1959, rappellent leurs experts en 1960 et, en 1963, signent avec les États-Unis et la Grande-Bretagne un « traité d'interdiction partielle des essais nucléaires » (dit traité de Moscou), condamnant ainsi les efforts de la Chine pour développer sa propre bombe. La Chine (comme la France du général de Gaulle d'ailleurs) refuse de signer ce traité.
Les incidents frontaliers entre les deux puissances.
Les tensions entre les deux puissances culminent en mars 1969 avec une série d'incidents militaires le long du fleuve Oussouri (au nord-est de la Chine) puis en août de la même année avec de nouveaux accrochages armés sur la frontière du Xinjiang (nord-ouest). Ces confrontations, qui firent craindre un affrontement nucléaire entre les deux puissances (les Soviétiques l'avait d'ailleurs envisagé), marqua l'apogée des tensions sino-soviétiques.
2. Le maoïsme : influences extérieures et impasses intérieures
Les excès intérieurs du maoïsme : la Révolution culturelle (1966-69), un épisode totalitaire
Depuis l'échec de la politique du « grand bond en avant », Mao a perdu la présidence de la République Populaire et son poste de président du parti est contesté. Mao réagit en essayant d'éliminer les "mandarins rouges" qui s’opposent à lui (Liu Shaoqi et Deng Xiaoping). Pour cela il appelle à la « Révolution Culturelle ». L’armée le soutient et distribue le "Petit livre rouge" [Ce passage devra être réduit dans vos copies, comme tout élément de politique intérieure chinoise].
partout dans le pays, les citations de Mao devant servir de "catéchisme" à tous les Chinois. En 1966, à l’université de Pékin, des dazibao (affiches en gros caractères) dénoncent les "révisionnistes" qui sont attaqués par des groupes d’étudiants maoïstes : c’est le véritable début de la Révolution Culturelle qui va durer 3 ans. On livre à la jeunesse déchaînée des Gardes rouges les "cadres engagés dans la voie de la restauration du capitalisme, les Khrouchtchev chinois et leurs complices", on détruit les vieilleries car "toute rébellion est juste". Les Gardes rouges humilient, frappent et tuent des milliers de suspects. Des groupes de Gardes rouges "loyalistes" et "rebelles" s’opposent dans les grandes villes et s’en prennent aux diplomates étrangers dans la capitale. 16 millions de jeunes sont envoyés dans les campagnes pour y être rééduqués par les paysans. Il clôt la Révolution Culturelle en 1969 en faisant exclure Liu Shaoqi du parti. Deng Xiaoping, lui, échappe de peu à la peine de mort.

Affiche de propagande maoïste pendant la Révolution Culturelle
Une jeunesse occidentale contestataire séduite par le « modèle chinois » plus dynamique que l’URSS perçue comme sclérosée :
En Occident, une partie de la jeunesse et un nombre conséquent d'intellectuels sont également attirés par l'idéologie maoïste. le « Petit Livre Rouge » participe ainsi de ce rayonnement grandissant du modèle chinois; Louis Althusser, Serge July ou encore André Glucksmann sont, par exemple, proches de l'organisation
de la Gauche Prolétarienne; les maoïstes sont également nombreux lors des manifestations de mai 1968 à Paris. En 1967, le réalisateur Jean-Luc Godard réalise un film annonciateur de la contestation; son titre est...La Chinoise. La vague maoïste s’essouffle chez les intellectuels occidentaux au début de années 1970, à mesure que les crimes du régime chinois sont dévoilés, notamment en France par le sinologue Simon Leys.

Mao inspire Andy Warhol, le chef de file du pop art (1972)
Une influence grandissante mais relative dans les pays du Tiers-monde :
La Chine, par l'intermédiaire de Zhou Enlai, est présente à la conférence de Bandung en 1955, conférence qui marque l'entrée sur la scène internationale des pays du Tiers-monde et qui pose les bases du « non alignement ». Enlai cherche à promouvoir la coopération culturelle et économique entre la Chine et les pays nouvellement indépendants : il présente ainsi la voie de développement auto-centré chinois comme un modèle de socialisme adapté à ces nouveaux États. Il plaide en outre pour la décolonisation du continent africain. Bien que jamais officiellement colonisée, la Chine se définit donc comme un pays du Tiers-monde, modèle de développement et leader dans les luttes de libération. Le rayonnement et l'influence de la Chine grandissent dans le monde et « l'Empire du milieu » devient progressivement un concurrent pour les États-Unis et l'Union soviétique dont il critique l'impérialisme et le néo-colonialisme.
Ainsi, quelques « pays en voie de développement » adoptent le modèle chinois, comme c'est par exemple le cas en Tanzanie, alors dirigée par Julius Nyerere, et au Cambodge à partir de 1975 avec la prise du pouvoir par les Khmers rouges d'inspiration maoïste. De nombreux pays africains passent également des accords de collaboration économique avec la Chine. Toutefois, à l'exception du Cambodge, peu de pays suivent véritablement le modèle de développement proposé par la Chine.

Affiche de propagande chinoise pour la libération des peuples colonisés d'Afrique (fin 1960's)
3. Le revirement diplomatique : causes et effets de la « diplomatie du ping pong »
Un rapprochement stratégique et symbolique avec les États-Unis :

Rencontre Mao-Nixon, février 1972
Après les conflits frontaliers avec l'URSS, Mao réalise qu'il n'a pas les moyens de se confronter simultanément aux Soviétiques et aux Américains (tout en s'occupant également des problèmes économiques et politiques intérieurs). Alors que la guerre du Vietnam fait rage et que le sentiment anti-américain est à son apogée en Chine, Mao choisit toutefois de se rapprocher de la superpuissance états-unienne. Plusieurs raisons à cela :
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La proximité géographique avec l'URSS apparaît aux yeux de Mao comme un menace réelle pour l'intégrité territoriale chinoise.
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En se rapprochant des Etats-Unis, Mao cherche à nuire à l'image et aux intérêts de l'URSS, notamment dans les pays du Tiers-monde.
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Enfin, Mao veut faire de son pays le représentant légitime du communisme mondial et l'interlocuteur privilégié des Etats-Unis.
Ainsi, le déblocage des relations entre Washington et Pékin est effectif a partir de 1971 : l’équipe de ping-pong américaine, de retour des Championnats du monde organisés au Japon, accepte une invitation en Chine et, la même année, Henry Kissinger s'y rend secrètement pour préparer la visite du président Nixon de février 1972.
De leur côté, les Etats-Unis voient dans ce rapprochement la possibilité de briser la logique bipolaire qui s'est imposée depuis 1947, en divisant le bloc communiste. Par ailleurs, Nixon souhaitant alors se désengager progressivement du Vietnam donne des gages à l'allié chinois du Vietminh.
La RPC obtient la reconnaissance internationale :
Si de Gaulle reconnaît la Chine populaire dés 1964 (ce qui lui permet d’asseoir l'indépendance de la France vis-à-vis de son allié américain), ce n'est qu'en 1971 que l'ONU vote la résolution 2758 par laquelle la République de Chine (Taïwan) perd son siège permanent au Conseil de sécurité au profit de la République Populaire de Chine (Taïwan est même exclue de l’organisation).
Octobre 1971, la PRC siège à l'ONU
La Chine maoïste bénéficie ainsi d'une reconnaissance internationale et les États-Unis en profitent pour accentuer la division du bloc de l'est et affaiblir l'URSS.
L'orde mondial selon Mao: la théorie des « trois mondes » :
Profitant ainsi du « grand jeu » de la Guerre Froide, Mao redéfinit la position de son pays sur la scène diplomatique internationale. Il énonce à partir de 1974 sa théorie des « trois mondes ». D'après celle-ci, l'ordre mondial se compose de :
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deux superpuissances à la recherche de l'hégémonie régionale et/ou mondiale : l'URSS et les États-Unis (l'URSS est qualifiée de sociale-impérialiste et est jugée la plus dangereuse).
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des autres pays développés liés aux superpuissances par un rapport de dépendance, comme la RFA ou la Grande-Bretagne
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des pays en voie de développement et de la Chine, leader du Tiers-monde, en lutte contre l'hégémonie des deux premiers mondes.
A la mort de Mao en 1976, si la Chine a retrouvé une certaine influence sur la scène diplomatique internationale, 1/3 des habitants du pays (qui en compte près d'un milliard à cette époque) vit toujours dans une situation d’extrême pauvreté. La Chine reste marquée par la ruralité, la sous-industrialisation et plus globalement par le sous-développement. Les réformistes, emmenés par Deng Xiaoping, dénoncent cet état de fait à travers une critique du maoïsme. Une nouvelle politique s'annonce...
III - DE LA FIN DES ANNÉES 1970 À NOS JOURS : UNE PUISSANCE INCONTOURNABLE MALGRÉ SES LIMITES.
1. La Chine s’ouvre au monde…capitaliste : le "denguisme" (1978-1992) et la « nouvelle voie chinoise ».
Deng Xiaoping, chef de file des réformistes, prend le pouvoir à la tête du PCC fin 1978 et formule son principe du "critère de la pratique" ("tout ce qu’a dit ou fait Mao n’est pas forcément juste, il faut juger d’après les résultats", "qu’importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape les souris"). Il met en place toute une série de réformes politiques et économiques à partir de 1979 pour moderniser le pays et améliorer le niveau de vie des Chinois. « Il est glorieux de s'enrichir » est le slogan officiel de sa politique pragmatique).
Deng Xiaoping devant Shenzhen
Les choix de Deng Xiaoping : ZES (1979) et « villes ouvertes » (1984) :
La « nouvelle voie chinoise » de Deng Xiaoping donne surtout la priorité à l'économie. Il ouvre le pays à l'extérieur et libéralise quelque peu le système économique (la politique des « 4 modernisations » : l'agriculture, l'industrie, la science, l'armée)
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Pour améliorer le sort des paysans, la vente libre des surplus agricoles est autorisée (ce qui ébranle le principe de la collectivisation). Les paysans ont désormais aussi le libre usage de la terre, mais ils n’en sont toutefois toujours pas propriétaires.
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Dans l’industrie, certaines sociétés d’État deviennent autonomes et les entreprises privées sont autorisées. La planification est en grande partie abandonnée.
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5 Zones Économiques Spéciales (ZES) sont créées en 1979 sur les littoraux (comme à Shenzhen, Canton et Shanghai) : il s'agit de régions dans lesquelles les réglementations économiques et fiscales sont plus libérales que dans le reste du pays. Ces mesures incitatives correspondent le plus souvent à des réductions fiscales (par exemple création d'une zone franche sans taxes ni droits de douane), mais peuvent aussi consister en des aides directes à l'installation (par exemple avec l'instauration d'une prime à l’investissement ou la fourniture de terrains et de locaux à prix réduit).
Zones Economiques Spéciales et Villes Ouvertes chinoises
En 1984, à la suite du succès des ZES (Shenzhen, à l'origine simple village de pêcheurs compte aujourd'hui plus de 10 millions d'habitants!!), l'ouverture aux produits et aux capitaux étrangers est élargie à 14 « villes ouvertes » disposant déjà de bases industrielles et d'infrastructures de transport. Ces villes offrent les mêmes avantages que les ZES et disposent également le plus souvent d'une Zone de Développement Economique et Technique (ZDET) permettant à la Chine d'opérer des transferts de technologies en accueillant des techniques de pointes importées par des FTN étrangères sur son territoire.
La mise en place du « socialisme de marché » : « la Chine, usine du monde »
[Vous pourrez ici vous référer en fin d'année à plusieurs chapitres de géographie du programme sur la mondialisation ou le continent asiatique].
La Chine cherche donc ainsi à attirer les capitaux étrangers, développe une production industrielle de masse à bas coûts et s'ouvre au commerce international. Le « socialisme de marché » est lancé. Le concept est officiellement adopté lors du XIVème congrès du PCC en 1992. L'ouverture économique se poursuit, certaines entreprises d'Etat sont privatisées, les règles de l'économie de marché sont diffusées... La monnaie chinoise, le yuan renminbi, est volontairement sous-évalué afin de faciliter les exportations.
Cette ouverture au monde et au capitalisme libéral aboutit en 2001 à l'entrée de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
La Chine est ainsi devenue la 2ème puissance économique et le 1er exportateur mondial. Véritable « usine du monde » qui capte les flux d'IDE (les investissements des firmes occidentales et japonaises contribuent pour plus de 80% aux exportations chinoises), le pays s'est parfaitement intégré à la Division Internationale du Travail liée au processus de mondialisation. Elle fait désormais partie du G20 (qui regroupe les 20 premières puissances économiques de la planète) et est considérée comme un pays émergent, au même titre que l'Inde ou le Brésil. Toutefois, les inégalités de richesse et de développement restent fortes, d'une province à l'autre ou au sein des mégapoles.
Les disparités de développement en Chine
Une ouverture politique très limitée :La remise en question du maoïsme s'accompagne de la réhabilitation de nombreux prisonniers politiques. Cependant, il n’est jamais question de mettre en place une démocratie en Chine. Le régime demeure une dictature de type communiste, dirigée par un parti unique. Au printemps 1989, dans un contexte de fin de Guerre Froide et de crise du bloc soviétique, des étudiants de plus en plus nombreux manifestent à Pékin devant la Cité Interdite pour une libéralisation du régime (la "5ème modernisation"). Le 4 juin 1989 (un mois après les festivités commémorant le mouvement du 4 mai 1919) l’armée reçoit l’ordre de disperser les manifestants de la place Tian’anmen : près de 2000 personnes sont tuées et le régime se maintient sans faire aucune concession.
2. Une puissance ambitieuse qui cherche à s'affirmer sur la scène géopolitique internationale.
L'affirmation économique et géopolitique de la Chine s'accompagne d'un discours nationaliste de la part des autorités, témoin du traumatisme profond lié au « siècle de la honte » et à la mise sous tutelle du pays à la fin du XIXème siècle. Cette affirmation se fait à plusieurs échelles :
À l'échelle nationale : le renforcement du contrôle du territoire
La Chine efface tout d'abord définitivement le souvenir des "traités inégaux" en récupérant Hong Kong en 1997 (au Royaume-Uni) et Macao en 1999 (au Portugal).
Elle poursuit également sa politique de sinisation au Tibet, ne faisant que peu de cas des critiques internationales. Pékin n'accepte d'ailleurs pas d’ingérence de la part des pays étrangers en ce qui concerne les droits de l’homme.
Pékin cherche donc à affirmer son pouvoir sur l'ensemble de son immense territoire comme en témoigne les tensions actuelles à Hong Kong où s'opposent manifestants et forces de l'ordre. Les Hong-kongais qui soutiennent la "révolution des parapluies" réclament davantage de démocratie et un vrai statut spécial pour leur province, marquée par des années de présence britannique sous les auspices du capitalisme libéral.
À l'échelle régionale : La Chine s'affirme en Asie.
La Chine mène toujours une politique de fermeté vis à vis de Taïwan, Pékin, considérant toujours que l’île doit redevenir un territoire chinois, appelle Taiwan la "23ème province" (c'est aujourd'hui un État indépendant). Pékin envoie régulièrement des navires militaires patrouiller à proximité de l'île et faire la démonstration de leur puissance de feu. Mais la 7ème flotte US veille dans le détroit de Taiwan...
Elle défend également ses intérêts économiques et politiques au sein d'organisations régionales et de forums de discussion multilatérale, comme l'Organisation de Coopération de Shanghai, l'ASEAN+3 ou l'APEC. La Chine se rapproche notamment de la Russie qui effectue également son retour sur la scène diplomatique mondiale (Les deux pays ont adopté des positions voisines sur l'Iran, la Syrie ou le Darfour soudanais)
Enfin, elle continue à revendiquer un certain nombres d’îles en mer de Chine méridionale (Îles Spratleys et Paracels riches en pétrole, gaz et poissons et revendiquées également par les Philippines, le Vietnam et la Malaisie). Les tensions avec le Japon se multiplient, avec en arrière-plan le souvenir de la guerre sino-japonaise et une volonté de revanche de la part des Chinois ; entre ces deux pays, les tensions se cristallisent notamment en mer de Chine orientale autour des îles Daoyu (appelées Senkaku par les Japonais qui les leur disputent).
À l'échelle mondiale : la Chine redevient un acteur incontournable,
Pour marquer son retour sur la scène internationale et exposer au monde sa modernité, la Chine a tenu à organiser des "événements mondiaux" de nature différente : les Jeux olympiques de Pékin en 2008 ou encore l'Exposition universelle de Shanghai en 2010
Fort de son poids économique et démographique, la Chine est un interlocuteur majeur dans les grandes organisations internationales, notamment à l'ONU où elle dispose d'un siège permanent au conseil de sécurité depuis 1971, à l'OMC ou encore au G20.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/14/la-chine-assoit-sa-puissance-au-g20_1603448_3232.html
La Chine accroît régulièrement ses dépenses militaires. Elle possède la 1ère armée au monde (en effectifs), mais celle-ci reste loin derrière celle des États-Unis, surtout du point de vue technologique (les investissements portent surtout sur la marine de guerre et sur le nucléaire). Ainsi, la Chine ne peut encore rivaliser avec le géant américain, d'ailleurs toujours très présent en Asie. Sur le plan spatial, la Chine est devenue un acteur important en envoyant un premier Chinois dans l'espace, un taïkonaute, en 2003. Le taïkonaute chinois est l'équivalent du cosmonaute russe, de l'astronaute américain ou du spationaute français ; littéralement taïkonaute signifie "homme du grand vide".
Le pays resserre ses liens avec les autres pays émergents (sauf pour l'Inde) et avec le continent africain: elle y multiplie les investissements économiques comme les visites diplomatiques.
La "Chinafrique"
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130327161301/
3. Une puissance encore incomplète.
Un soft power encore limité.
La présence chinoise dans le monde relève encore surtout de son "hard power" (ONU, armée) et par son poids économique. Sa capacité d'influence culturelle (soft power) reste mineure mais tend à s'accroitre. Depuis 2004, les autorités chinoises implantent des centres
Les instituts Confucius dans le monde
La diaspora chinoise participe assez largement de la diffusion de la culture chinoise dans le monde. Très actifs commercialement, les ressortissants chinois s'implantent dans les grandes métropoles de la planète et inscrivent dans les paysages urbains certains traits des modes de vie de leur pays d'origine: gastronomie, fête du nouvel an...
La diaspora chinoise dans le monde
Un régime autoritaire et répressif :
Surtout, la République Populaire de Chine est toujours critiquée pour l'autoritarisme et la violence de son régime politique. La liberté d'expression reste en effet limitée et encadrée, comme en témoigne le fonctionnement d'Internet, totalement sous le contrôle des autorités (les Chinois n'ont, par exemple, pas accès à « Facebook » mais seulement à une version chinoise du réseau social : le « Renren »), la surveillance généralisée de la population (par un système de caméra et de reconnaissance faciale) ou l'emprisonnement des opposants politiques (en particulier des activistes des droits de l'homme et ses artistes, souvent obligés de fuir le pays). Le régime est également vilipendé pour la répression qu'il mène dans les provinces périphériques contre les minorités Ouïghours (peuple turcophone et à majorité musulmane habitant la région du Xinjiang) et Tibétaine. Les critiques à l'encontre de Pékin sont toutefois plutôt mesurées en raison des intérêts économiques qu'ont les grandes puissances dans l'Empire du Milieu...
CONCLUSION :
Le pays est redevenu un acteur majeur de l'échiquier mondial, tant sur le plan économique que politique et militaire. D'ailleurs, la puissance chinoise effraye aujourd’hui, comme en témoigne les titres d’ouvrages récents parus sur ce sujet en France : La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? (2005), Quand la Chine veut vaincre (2007), Le Vampire du Milieu (2010), L’arrogance chinoise (2011)...
Toutefois, si la Chine s'affirme comme une puissance incontournable d'un monde multipolaire, sa puissance n'est encore que régionale et incomplète. En outre, la situation intérieure risque de déstabiliser le pays.
En effet :
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la contestation sociale se développe et risque de s’amplifier avec le ralentissement économique prévisible. La Chine est devenue un des pays les plus inégalitaires du monde (son indice de Gini serait au-delà de 0,5, ce qui constitue un seuil critique). Les chiffres officiels font état de 200 000 "incidents de masse" (émeutes) en 2010 ayant fait plusieurs dizaines de morts.
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Sa croissance a un fort impact en terme de dégradation de l’environnement : consommation d’énergie trop élevée, 1er émetteur de GES, pollution et gestion de l’eau calamiteuse, pollution de l’air très grave, déforestation...Mais, même dans ce secteur, la Chine est consciente des efforts à fournir et des marchés porteurs qui s'annoncent. Le pays est devenu un des premiers producteurs de panneaux photovoltaïques...