Les États-Unis et le monde depuis les 14 points du président Wilson (1918-aujourd'hui) (2ème partie)

Publié le 6 Mars 2020

THÈME 3 HISTOIRE: PUISSANCES ET TENSIONS DANS LE MONDE DE LA FIN DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE À NOS JOURS

 

Chap.1 : « Les États-Unis et le monde depuis les 14 points du président Wilson (1918 - aujourd'hui)" (2ème partie)

 

 

II – 1941-1991 : UNE HÉGÉMONIE ASSUMÉE ET MULTIFORME.

 

Aux lendemains de la 2nde Guerre mondiale, les EU détiennent 2/3 du stock d'or mondial et représentent environ la ½ de la production mondiale. D'où une obsession : trouver des marchés ! Le pays a profité de son engagement dans le conflit pour effacer les dernières traces de la crise des années 1930 et démontrer au reste du monde sa capacité productive. Dés 1944, F.D. Roosevelt exprime clairement sa volonté de bâtir un monde nouveau lors des conférences interalliées. Les EU ont cette fois l'intention de mettre en place une gouvernance mondiale pensée suivant les principes fondateurs de leur modèle idéologique : le capitalisme libéral et la démocratie.

La Guerre Froide (1947-1991) contraint les EU à contracter de nombreuses alliances diplomatiques et militaires, à la fois pour assurer leur sécurité, démontrer leur puissance et soigner leur « paranoïa ». La période correspond par ailleurs à un gonflement de l'appareil d’État américain, à la multiplication des conseillers et agences spécialisées (comme par exemple la CIA créée en 1947).

 

1. Une hégémonie économique à deux visages.

 

Pendant toute la période, l'économie états-unienne domine l'économie mondiale. Toutefois, la décennie 1970 marque un basculement d'une économie productrice vers une économie consommatrice. Si, jusqu'au début des 70's, les EU cherchent essentiellement à écouler leurs productions sur les marchés mondiaux, les années 1971-1991 sont plutôt marquées par la volonté de s'assurer des fournisseurs sérieux, notamment en matières 1ères. Le « made in USA » laisse ainsi progressivement la place à la DIT et à la DIPP des FTN yankees. On peut ainsi chronologiquement découper la période entre :

  • 1941-1971, produire pour le monde : D'abord dans le cadre d'une économie de guerre avec le Victory Program : les EU produisent des quantités croissantes de matériel de guerre (pour eux et pour les Alliés) grâce à une prise en main et une planification de l'économie par l’État. Puis dans le cadre de la reconstruction accélérée des vaincus et des vainqueurs affaiblis, dans le cadre de la doctrine Truman et du « Containment ». Les plans Marshall (1947) et Dodge (1949) ont ainsi pour but de combler le « dollar gap » et de fidéliser des marchés de consommateurs tout en consolidant des alliances politiques. Cette logique s'accompagne d'une indispensable libéralisation de l'économie mondiale, notamment en ouvrant les barrières douanières avec la mise en place du GATT (ancêtre de l'OMC) à partir de 1947.

 

Affiche en faveur du plan Marshall ( Thibault De Champrosey, 1947)

 

  • 1971-1991, consommer le monde : les mutations de l'économie US changent son rapport au monde. Dorénavant, les américains doivent trouver des épargnants prêts à financer leur dette, des fournisseurs de matières 1ères prêts à rassurer leurs appétits énergétiques, des territoires prêts à accueillir les délocalisations de leurs FTN... La guerre du Vietnam, la course aux armements, la conquête spatiale et les chocs pétroliers de 1973 et 1979 obèrent les finances états-uniennes et creusent les déficit.

 

2. Une hégémonie diplomatique et militaire.

 

La Guerre Froide met face à face deux blocs dont il s'agit de fortifier en permanence la solidité. Les États-Unis contractent donc une série d'alliances (« pactomanie ») où la proximité idéologique se mêle à l'intérêt géostratégique. Si les démocraties libérales sont privilégiées, des dictatures sont également soutenues dans le 1/3 monde pour éviter la propagation du communisme (effet domino).

  • sur le continent européen : les EU encouragent la construction européenne dans le cadre de l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE, 1948, à l'origine chargée de répartir les crédits accordés par le Plan Marshall entre les pays de l'Europe occidentale) et de l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN, 1949). Le pacte de Washington de 1949, qui fonde l'OTAN, prévoit pour la 1ère fois de l'histoire américaine une alliance militaire et diplomatique en temps de paix. D'après le traité en effet, si un État membre est agressé par l'URSS, cela sera considéré comme une agression contre l'ensemble des pays membres (art. 5). Les EU déplient leur « parapluie nucléaire » sur leurs alliés, à une époque où ni la France ni la GB ne possèdent encore la bombe atomique. Les États-Unis jouent aussi un rôle essentiel dans la naissance de la RFA à la suite de la 1ère crise de Berlin de 1948-49.

 

L'Europe en 1957

 

  • sur le continent asiatique : , les EU développent une double logique. Celle du « containment » voire du « roll back » tout d'abord : dés 1945, les américains sont présents au Japon, au sud de la Corée et maintiennent une base militaire aux Philippines. L'intervention en Corée (1950-53) au nom de l'ONU et au Vietnam (1964-1973) sont les aboutissements de cette stratégie.

    Le 1er octobre 1949, la Chine devient communiste avec la prise de pouvoir de Mao Zedong. Les EU vont dés lors multiplier les alliances : ANPO (traité mutuel de sécurité EU/Japon) en 1951, l'OTASE (Pakistan, Philippines, Thaïlande) en 1954, alliance avec la Corée du sud après l'armistice de Pan Mun Jom de 1953.

 

Le monde en 1962

 

  • sur le continent américain : « Chasse gardée » des EU, leur impérialisme financier s'y est diffusé depuis le XIXe siècle (les FTN yankees, notamment dans le secteur agro-alimentaire, influencent largement les gouvernements élus des États latino-américains). La CIA y joue aussi un rôle essentiel pour surveiller les régimes en place et même pour aider à la prise de pouvoir par des « proches ». Ce fut par exemple le cas au Guatemala en 1954 avec le renversement du socialiste Arbenz Guzman ou encore au Chili en 1973 avec le putsch d'Ernesto Pinochet contre Salvadore Allende. Les EU nouent enfin des alliances diplomatiques et militaires, comme avec le pacte de Rio de 1947 qui regroupe l'essentiel des États d'Amérique latine. La défense de leurs intérêts économiques et politiques amène ainsi les EU à soutenir des dictatures, ce qui les place en totale contradiction avec leurs idéaux affichés.

  • au Moyen-orient : pour les EU, il s'agit d'une zone hautement stratégique en raison des ressources en hydrocarbures qui approvisionnent l'économie US. Dés 1945, Roosevelt négocie des concessions pétrolières avec Ibn Saoud (dirigeant de l'Arabie Saoudite) pour la compagnie américaine Aramco. Le royaume devient dés lors le principal fournisseur de pétrole des EU. En 1953, la CIA organise l'opération « Ajax » qui vise à destituer le 1er ministre iranien Mossadegh pour renforcer le pouvoir du Shah Reza Pahlavie, plus conciliant vis à vis de Washington. Là encore, l'accès au pétrole est la principale motivation. En 1955, la GB signe un pacte avec avec l'Iran, l'Irak, le Pakistan et la Turquie ; les EU rejoignent ce pacte en 1958 (alors que les irakiens le quittent en 1959), ce qui leur assure 3 nouveaux alliés aux frontières du bloc soviétique. L'alliance avec la Turquie permet le contrôle du détroit du Bosphore et l'installation de fusées à portée du territoire de l'URSS. Les EU ont une attitude plus ambiguë vis à vis de l’Égypte de Nasser : s'ils soutiennent le « Raïs » au moment de la nationalisation du canal de Suez (1956) en condamnant l'expédition franco-israélo-britannique, ils s'éloignent rapidement des positions panarabes de Nasser et se rapprochent d'Israël (surtout à partir du début des années 1960, le procès Eichmann de 1961, très suivi par l'opinion publique juive américaine jouant ici un rôle important dans le raffermissement de cette alliance).

 

Roosevelt (à droite) et Ibn saoud sur le cuirassé Quincy en février 1945 (signature du Pacte du Quincy)

 

Ce déploiement tous azimuts d'alliances et de bases militaires font des EU le garant de la sécurité de nombreux pays et contribue à l'expansion des dépenses militaires US ainsi qu'à l'essor du complexe militaro-industriel.

 

3. Une hégémonie de plus en plus contestée.

 

A partir des années 1960, l'image des EU dans le monde commence à se dégrader bien au-delà du bloc soviétique. Les critiques portent sur l'impérialisme yankee, les défauts d'un modèle prétendument démocratique, l'usage d'armes chimiques et bactériologiques en Corée et surtout au Vietnam, « l'american way of life » consumériste et gaspilleur, la prétention à malmener la souveraineté de certains alliés...

De de Gaulle (qui sort la France du haut commandement intégré de l'OTAN en 1966 et développe un programme nucléaire) à Che Guevara, des jeunesses occidentales « révolutionnaires » (mai 1968 en France) aux hippies californiens, du mouvements des droits civiques (Martin Luther King, Malcom X...) aux peuple coloniaux opprimés, les adversaires sont de plus en plus nombreux et les critiques de plus en plus audibles. Plusieurs événements largement médiatisés contribuent à cette dégradation de l'image du pays : les émeutes urbaines des années 1960 (Watts 1965, Détroit 1967), le massacre de My Lai au Vietnam en 1968 (avec la tristement célèbre photographie d'une petite fille brûlée par le napalm), les grands rassemblements anti-guerre/impérialisme de la fin des années 1960 (comme à Woodstock en 1969 où J. Hendrix transforme l'hymne américain en pluie de bombes), les opérations de la CIA, le scandale politique du Watergate (1974)...

 

Photographie de Nick Ut Cong Huynh de 1972 pendant la guerre du Vietnam.

 

III – LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1991 : UNE HYPERPUISSANCE FRAGILISÉE.

 

En perte de vitesse dans les années 1970, « America is Back » lors de la décennie suivante. Les difficultés internes au bloc soviétique ainsi que la politique offensive au plan internationale menée par Ronald Reagan (président républicain promoteur du néo-libéralisme de 1981 à 1989 qui relance la course aux armements avec son programme de « Guerre des Étoiles ») font vaciller puis exploser l'URSS. Avec « l'automne des peuples » en 1989, qui voit tomber une à une les démocraties populaires et la disparition de l'URSS en 1991, les EU apparaissent comme les grands vainqueurs de la Guerre Froide. Leur suprématie dans les tous domaines (politique, militaire, économique, culturel, technologique...) en font l'unique hyperpuissance (selon la formule d'Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères français). Toutefois, cette domination et la tendance à l'impérialisme qui l'accompagne vont être remis en cause au tournant du XXIe siècle : les attentats du 11 septembre 2001 modifient radicalement les modalités de la présence américaine dans le monde.

 

1. 1991-2001 : les États-Unis, gendarme du monde.

 

A la fin de la Guerre Froide, la domination américaine est totale. Ils concentrent 1/3 de la richesse mondiale (pour 5% de la population!), leur modèle culturel et économique s'est diffusé presque partout sur la planète avec la mondialisation, ils maîtrisent les réseaux de communication et les nouvelles technologies (internet avec Google, Yahoo...)... En outre, aucun État ne peut rivaliser sur le plan militaire : ils disposent de bases implantées un peu partout dans le monde (notamment dans les régions où ils détiennent des intérêts économiques comme au Moyen-Orient), d'une marine présente sur tous les océans et d'une supériorité numérique et technologique incontestable.

La domination US se traduit aussi par un leadership stratégique grâce au renforcement de leur réseau d’alliances politico-militaire. Née avec la guerre froide, l’OTAN est l’élément clé de leur puissance en Europe : depuis la fin du pacte de Varsovie en 1991, l’Alliance Atlantique a signé un « partenariat pour la paix » avec les ex-pays communistes d’Europe de l’Est, y compris la Russie en 1994, 1ère étape vers une adhésion à l’OTAN.

 

Les élargissements de l'OTAN depuis la fin de la Guerre Froide

 

Ainsi, seul État capable d’imposer sa volonté dans les relations internationales en combinant la force militaire (hard power) et la capacité d’influence économique, culturelle, diplomatique (soft power), les EU jouent un rôle de « gendarme du monde » (« gardien de la paix ») tout en protégeant leurs intérêts dans ce qui s'apparente à un empire mondial.

  • les EU sont ainsi amenés à intervenir militairement pour rétablir la légalité internationale : en janvier 1991, avant même la disparition de l'URSS, ils lancent l'opération « Tempête du désert » pour chasser les troupes irakiennes de Saddam Hussein du Koweït. Si cette 1ère Guerre du Golfe est menée au nom de l'ONU, l'état-major et 60% des soldats sont américains ! Ils font ainsi démonstration de leur puissance tout en protégeant leur approvisionnement en hydrocarbure. Toutefois, ces interventions militaires restent sélectives : les EU délaissent par exemple le continent africain où ils ont peu d'intérêt stratégique (à l'exception de la très médiatisée opération « restore hope » en Somalie en 1993) et n'interviennent que tardivement dans la guerre en ex-Yougoslavie (ils amènent les belligérants à signer les accords de Dayton en novembre 1995 sur la base d’un projet que l’Union Européenne n’a pas réussi à imposer).

  • Sur le plan diplomatique, si Bill Clinton est un partisan du principe de « sécurité collective » (qui redonne à l'ONU un rôle effectif dans le règlement des conflits), les EU sont en réalité les seuls à réellement pouvoir imposer la paix. C’est par exemple sous l’égide de B. Clinton que sont signés à Washington les accords de paix d'Oslo (13 septembre 1993) entre Yasser Arafat (représentant palestinien et chef de l'OLP) et Itzhak Rabin (1er ministre israélien). La poignée de mains historique et fortement médiatisée entre les deux hommes (sous le regard satisfait du président américain) exprime le triomphe de la diplomatie US. Dans cette période, les EU font également la promotion de la démocratie et de l'économie de marché (politique de « l'enlargement », qui se substitue à celle du « containment »), en accord avec le vieux principe de la « destinée manifeste ». Ils jouent par exemple un grand rôle dans l'entrée de la Chine à l'OMC en 2001 (s'accommodant d'ailleurs ici des atteintes aux droits de l'homme en République Populaire... Business is business...)

 

Rabin, Clinton et Arafat après la signature des accords d'Oslo en 1993

 

Puissance hégémonique, les EU organisent donc le monde à leur avantage, protégeant leurs intérêts et assurant la sécurité de leur territoire tout en assumant leur position dominante. Dans cet ordre mondial unipolaire, « l'empire bienveillant » des EU comprend les alliés/partenaires (Europe, Japon), les pays assurant leur sécurité et leur approvisionnement en matières 1ères qui font de ce fait l’objet d’une intervention diplomatique ou militaire (Moyen-Orient, Amérique Latine) et aussi les ennemis, les « États voyous » (« rogue state ») comme l'Iran, Cuba ou la Corée du nord.

 

2. 2001-2008 : la contestation de l'hégémonie américaine et la tentation unilatéraliste.

 

Au début du XXIe siècle, la domination hégémonique américaine est de plus en plus contestée et un sentiment anti-américain se diffuse de plus en plus largement dans les pays du sud (et dans une moindre mesure dans les pays du nord). Les critiques portent principalement sur l'impérialisme économique, culturel et militaire états-unien :

  • Le capitalisme libéral et la mondialisation sont remis en cause par les groupes altermondialistes (ATTAC, Oxfam), notamment lors du Forum Social de Porto Allegre. En outre, la croissance économique des EU est ralentie, le déficit extérieur continue de croître et le pays est de plus en plus concurrencé par les puissances émergentes (Chine, Brésil...) ainsi que par l'Union Européenne.

  • Dans de nombreux États d''Amérique latine, « chasse gardée » traditionnelle des EU, des personnalités de gauche arrivent au pouvoir et mènent des politiques qui tendent à remettre en cause la suprématie américaine. Hugo Chavez au Venezuela, Lula da Silva au Brésil, ou encore Evo Morales en Bolivie se font les pourfendeurs de l'impérialisme yankee et cherchent à sortir leur pays de la dépendance vis à vis du puissant voisin du nord. Ils empêchent par exemple la réalisation de la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) voulue par les EU.

  • Au Moyen-Orient, l'opposition aux EU et à sa domination hégémonique se manifeste par la montée en puissance de l'islamisme radical. Ce courant politique, basé sur une lecture conservatrice du Coran, développe une idéologie prônant l’instauration d’un État où l’islam est la base du fonctionnement des institutions, de l’économie et de la société. Dans un contexte de mondialisation culturelle (dans une certaine mesure « d’américanisation ») et d'accroissement des inégalités économiques, les islamistes clament ainsi un refus de l'influence occidentale (démocratie, valeurs de tolérance, d'égalité, de liberté...) et affichent un anti-américanisme virulent (« le grand satan »). L’acte fondateur de l’islamisme est la révolution iranienne du 1er février 1979 par laquelle, l’ayatollah (« chef religieux » chez les chiites) Khomeiny instaura une « République Islamique » en chassant du pouvoir le Shah, allié des EU. Après l’Iran, l’islamisme politique s’est étendu à l’Afghanistan en 1996 avec les Talibans (groupes d'étudiants fondamentalistes soutenus pendant la Guerre Froide par les EU et l'Arabie Saoudite contre l'URSS). A partir de la fin des années 1990, l'islamiste se mue en terrorisme (au nom du « Djihad », guerre sainte) et s’incarne principalement dans le réseau Al-Qaïda (« la base ») fondé par le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden : c'est lui qui organise les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone du 11 septembre 2001.

 

World Trade Center, 11 septembre 2001

 

Touché pour la première fois de son histoire sur son propre territoire et au cœur même de sa puissance (avec les tours de Manhattan, symbole éclatant de la domination économique, et avec le pentagone, centre de commandement des forces armées), ces attentats provoquent un véritable traumatisme dans l'opinion américaine ; G.W. Bush (élu de justesse à la présidence en 2001) se doit de montrer à ses concitoyens - et au monde - que les EU restent la nation dominante. Influencé par ses conseillers (les « faucons » républicains) et par le lobby militaro-industriel, il s'engage dans des guerres contre le terrorisme. La stratégie géopolitique de l'administration Bush repose à la fois sur une vision simpliste de la réalité opposant bien/mal, civilisation/barbarie (il définit par exemple un « axe du mal » ou affirme que « ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux ») et sur la thèse du « choc des civilisations » du politologue Samuel Huntington (qui affirme qu'avec la mondialisation et la fin de la Guerre Froide, les affrontements à venir seront des conflits de civilisations : « les lignes de partage entre les civilisations seront [ainsi] les lignes de front des batailles du futur »). En 2002, les EU envoient leurs troupes en Afghanistan (pays qui abritent des camps d’entraînement d'Al Qaïda) au sein d'une coalition internationale puis en Irak en 2003. Toutefois, cette 2ème Guerre du Golfe est décidée sans l'approbation des Nations Unies et sans le soutien d'alliés historiques (comme la France qui critique cette intervention par l'intermédiaire de Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, dans un discours désormais célèbre à la tribune de l'ONU). Les EU renonce donc ici au principe de la sécurité collective, lui préférant un unilatéralisme belliqueux.

 

Les Etats-Unis et le monde : une puissance dominante mais menacée (2006)

 

Si les EU font la démonstration de leur puissance et de leur force de frappe, cette stratégie diplomatique montre rapidement ses limites. Tout d'abord, si la victoire militaire est relativement aisée (notamment en Irak), la mise en place de la démocratie s'avère bien plus fastidieuse (aujourd'hui d'ailleurs, la situation politique en Irak et en Afghanistan est loin d'être stabilisée). En outre, ces démonstrations de force concourent à accroître encore un peu plus le sentiment anti-américain, notamment dans les pays arabo-musulman. Les scandales concernant les tortures/humiliations infligées à des prisonniers irakiens et à propos de la prison de Guantanamo achèvent de ternir l'image de la 1ère puissance mondiale.

 

3. 2008-aujourd'hui : la rupture Barack Obama

 

L'arrivée au pouvoir en 2008 du démocrate Barack Obama change la donne. Conscient de l'image négative de son pays dans le monde et conscient également du coût financier de ces conflits dans une période de ralentissement économique, le nouveau président cherche à marquer une rupture par rapport à l'ère diplomatique de G. Bush Junior. C'est ainsi qu'il prononce en juin 2009 au Caire un discours intitulé « un nouveau départ » (« A New Beginning ») destiné à améliorer les relations entre les EU et le monde musulman. Il critique la politique du gouvernement israélien à propos de la question palestinienne, cherche à se rapprocher des musulmans modérés afin d'affaiblir l'islamisme radical, annonce la fermeture de la prison de Guantanamo (ce qui n'est toujours pas fait)... Par ailleurs, Obama annonce le retrait progressif des troupes américaines d'Irak ; cette décision est motivée par des raisons diplomatiques mais aussi par des contraintes économiques et sous la pression d'une opinion publique américaine de moins en moins enthousiaste à l'idée de voir ses soldats mourir à des milliers de kilomètres de leur foyer. Les EU n'apportent par exemple qu'un soutien limité à l'intervention en Libye en 2011. Les EU doivent également composer avec les ambitions géopolitiques des puissances émergentes (notamment la Chine) et de puissances « renaissantes » comme la Russie de Vladimir Poutine.

 

B.Obama reçoit le prix Nobel de la paix en octobre 2009

 

Un ordre mondial multipolaire se met progressivement en place, signe de l'affaiblissement (relatif) des EU et du retrait (limité lui aussi) du pays de la scène géopolitique internationale. Loin de revenir à un isolationnisme de toute façon intenable, les EU ont perdu de leur superbe et ne peuvent plus imposer leur volonté au reste de la planète comme dans les années 1990. La crise syrienne qui perdure depuis 2011est à ce sujet tout à fait exemplaire : partisan d'une intervention militaire, B. Obama a vu ses plans contrariés par la Chine et la Russie, alliés de circonstance face à ceux qui restent tout même encore aujourd'hui la 1ère puissance mondiale.

 

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #Term Histoire, #1ère HGGSP

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