2nde - La Méditerranée médiévale, un espace d'échanges et de contacts
Publié le 23 Mars 2023
La Méditerranée médiévale, un espace d'échanges et de contacts

La basilique Saint Marc à Venise
1ère PARTIE - VENISE ET SON EMPIRE COMMERCIAL
Document 1a : Chrysobulle l'empereur Byzantin Alexis Ier Comnène en faveur de Venise (1082)
À plusieurs reprises, Venise a aidé militairement l’empire byzantin. En récompense, elle obtient des privilèges exceptionnels qui renforcent sa domination commerciale dans l’empire byzantin et dans toute la Méditerranée.
« C'est pourquoi en récompense de leurs services, notre majesté impériale [...] a bien voulu, suivant la teneur de ce présent chrysobulle (1), qu'ils reçoivent chaque année un revenu de 20 livres. Elle a également honoré leur noble duc de la très vénérable dignité de protosébaste (2).
En plus, elle leur donne aussi les boutiques qui sont dans le quartier de Perama (3), avec plusieurs étages [...] et trois échelles qui sont le long de la mer.
Elle leur a aussi accordé de commercer avec toutes marchandises dans toutes les régions de la Romanie (4) [...], sans qu’ils aient à payer de droits d’aucune sorte pour aucune transaction. »
(1) Document officiel émis par le pouvoir byzantin
(2) Dignité honorifique à Byzance
(3) Quartier de Constantinople où se trouvaient les marchands italiens.
(4) Empire Byzantin
Document 1b : Pacte entre le sultan d’Alep et le doge de Venise (1229)
« Au nom de Dieu éternel, amen. L’an du Seigneur 1229, mois de décembre, troisième indiction, à Alep. Ceci est le pacte du seigneur al-Malik al’Aziz, sultan d’Alep, qu’il fit avec notre glorieux seigneur Giacomo Tiepolo, illustre doge de Venise, dont la teneur est telle. Moi, susdit sultan, (…) j’ai accordé ma confiance à tous les marchands vénitiens qui viendront des régions d’outre-mer et j’ai confirmé de mon autorité au glorieux seigneur Giacomo Tiepolo, par la grâce de Dieu doge de Venise, de Dalmatie et de Croatie, seigneur d’un quart et demi de toute la Romanie, le traité susdit, à savoir que tous lesdits marchands qui viennent dans mes contrées seront saufs, que leurs personnes et leurs biens seront en sûreté à l’aller, durant leur séjour et au retour, et que je dois les garantir et les protéger, de bonne foi et avec attention de tous ceux qui, placés sous mon pouvoir, voudraient leur nuire. Dans les ventes et les achats qu’ils font, je dois m’en tenir aux droits, de sorte que chacun leur applique le plus bas des prix forts ; et je fais ceci afin que les susdits marchands viennent plus volontiers dans mes contrées avec leurs marchandises. J’ai donc établi à leur intention que, sur tous les produits qu’ils vendront ou achèteront à Alep, ils doivent acquitter six pour cent, à l’exception du coton pour lequel on paiera à la charge. De toutes les marchandises qu’ils apporteront avec eux de Venise, ils sont tenus de donner de la même façon six pour cent (...). En outre, pour toute marchandise dans le funduq qui est situé à l’extérieur de la cité, ils doivent un demi dirham de péage au Pont. Je leur fais une remise d’un dirham sur la charge de chameau pour le poivre, de sorte qu’ils doivent acquitter neuf dirhams audit Pont pour la susdite charge de poivre ; je leur remets aussi un dirham de ce qu’ils devaient aussi payer sur la charge de mulet ; pour le coton, je leur remets un demi dirham de ce que j’avais coutume de prélever sur la charge de chameau, en sorte qu’il en reste quatre. Et ils doivent donner pour toutes les marchandises qu’ils apportent avec eux de Venise comme pour le poivre, et pour le cuivre, comme pour le coton.
(…) A Alep ils doivent avoir un funduq, une cour de justice et un juge. S’il advient qu’un litige oppose des Vénitiens ou qu’entre eux ils se blessent ou se tuent, leur juge et lui seul doit avoir le pouvoir de juger. (…). Si un ou plusieurs Vénitiens accomplissaient des vols et du pillage dans mes pays, que les marchands qui se trouveront chez moi ne subissent ni dommage ni entrave en rétorsion. Ce traité et ce statut, je l’ai établi pour eux pour toujours. Et je veux et j’ordonne que tous mes amiraux et que le ou les juges qui examineront le traité que j’ai fait et que j’ai confirmé au sujet des susdits Vénitiens, lui prêtent foi et l’observent fermement ».
Document 2 : l'empire maritime de Venise au XVème siècle.

Document 3 : Venise, une puissance commerciale

Marco Polo quittant Venise, miniature du XVème siècle.
QUESTIONS :
Répondez aux questions suivantes. Dans chacune de vos réponses, vous devez obligatoirement citer le(s) document(s) et apporter des connaissances personnelles.
1. Cherchez et notez dans votre cours la définition des termes suivants : Chrysobulle - Commenda (ou colleganza) - Comptoir - Doge - Funduq - Lettre de change - Nef - Sérénissime
2. Comment expliquer la puissance commerciale de Venise? (doc.1a, 1b et 2)
2. Quels éléments du document montrent la richesse et le dynamisme de Venise? (doc.3)
3. Travail de recherche : rédigez une rapide biographie de Marco Polo
2ème PARTIE : PALERME, UN CARREFOUR CULTUREL
Document 1 : Un voyageur musulman à Palerme au XIIème siècle
« La Sicile est peuplée d’adorateurs de croix qui circulent sur son territoire et se repaissent de ses campagnes. Les musulmans vivent avec eux sur leurs terres et dans leurs fermes, et les chrétiens observent une façon honorable de les employer et de les faire travailler. Ils leur imposent une redevance que ceux-ci payent deux fois par an. […]
L’attitude du roi [Guillaume II] est vraiment extraordinaire. Il a une conduite parfaite envers les musulmans ; il leur confie des emplois, il choisit parmi eux ses administrateurs eunuques et tous, ou presque tous, gardent secrète leur foi et restent attachés à la foi de l’islam. Le roi a pleine confiance dans les musulmans et se repose sur eux de ses affaires, et de l’essentiel de ses préoccupations, à tel point que l’intendant de sa cuisine est musulman. Il y a une troupe d’esclaves noirs musulmans qui sont commandés par un chef, pris parmi eux. Ses vizirs et ses chambellans sont des eunuques, dont il y a grand nombre, qui sont les hommes de son gouvernement. C’est en eux que se montre l’éclat de son pouvoir royal, car ils étalent des vêtements magnifiques, des montures fringantes. Ce roi a des palais superbes et des jardins merveilleux, particulièrement dans sa capitale. À Messine il y a un château, blanc comme la colombe, qui domine le rivage et la mer. Il a un choix nombreux de pages et de femmes esclaves. Il n’y a pas de roi des chrétiens qui soit plus splendide en sa royauté, plus fortuné, plus luxueux que lui. Par les jouissances du pouvoir où il est plongé, par la belle ordonnance de ses décrets, par les solides assises de son pouvoir, par l’étalage de sa parure, il ressemble aux rois musulmans. Son autorité royale est très considérable. Il a des médecins, des astrologues […]. Un autre trait que l’on rapporte de lui et qui est extraordinaire, c’est qu’il lit et écrit l’arabe et que les femmes esclaves et les favorites de son palais sont toutes des musulmanes ».
Ibn Jubayr, Voyages, vers 1184.
(1) Homme castré
(2) équivalent du 1er ministre du roi
(3) Dignitaire de l'administration royale
Document 2 : Plan de Palerme au XIIIème siècle.

Document 3 : L'église Saint-Jean des Ermites à Palerme (XIIème siècle)

Document 4 : Roger II de Sicile (1095-1154) couronné roi par le Christ

Détail d'une mosaïque de église de la Martorana (XIIème siècle), Palerme.
QUESTIONS :
Répondez aux questions suivantes. Dans chacune de vos réponses, vous devez obligatoirement citer le(s) document(s) et apporter des connaissances personnelles.
1. Cherchez et notez dans votre cours la définition des termes suivant : Arabesque - Eunuque - Mosaïque - Syncrétisme - Vizir
2. Quelles sont les différentes communautés présentes à Palerme? Quelles relations semblent-elles entretenir entre elles ? (doc. 1 et 2)
3. Pourquoi peut-on parler d'un "syncrétisme" culturel à Palerme? (doc.3 et 4) [relevez les éléments appartenant aux styles artistiques et architecturaux des différents ensembles de la Méditerranée médiévale]