2nde - L'unification du royaume de France à l'époque moderne.
Publié le 15 Juin 2020
2nde - L'unification du royaume de France à l'époque moderne.

Carte des routes de la poste réalisée par Alexis–Hubert Jaillot en 1690. Sous Louis XIV, roi de France de 1643 à 1715, la centralisation s'accélère et le monarque entend mieux contrôler la poste pour des raisons politiques et financières, établissant en 1672 une « Ferme générale des Postes ». Ce maillage constitue le premier système d'échange géré par la monarchie française dans les limites du territoire national. La vitesse postale était de l'ordre de 7 km/heure au début du XVIIIe siècle.
Documents 1 : Le contrôle du territoire.
Doc.1a : L'extension du royaume de France de 1552 à 1789.

Doc.1b : Les fortifications de Vauban et la protection des frontières.
Doc.1c : Citadelle de Vauban à Saint Martin de Ré (Charente Maritime).

Doc.1d : L’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539)
« Article 50 – Les sépultures doivent être enregistrées par les prêtres qui doivent mentionner la date du décès.
Article 51 – Aussi sera fait registre, en forme de preuve, des baptêmes, qui contiendront le temps et l’heure de la nativité, et par l’extrait dudit registre, se pourra prouver le temps de majorité ou minorité, et fera pleine foi à cette fin.
Article 52 – Et afin qu’il n’y ait faute aux dits registres, il est ordonné qu’ils seront signés d’un notaire […]
« Article 110 : Afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence des arrêts de nos cours souveraines, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude ni lieu à demander interprétation.
Article 111 : Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus aux dits arrêts, nous voulons dorénavant que tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soit de registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments et autres quelconques actes, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement…»
Doc.1e : Évolution du réseau des routes et relais de la poste (1632 à 1831).

Documents 2 : La pacification de royaume.
Doc.2a : Les guerres de religion en France.

Doc.2b : L’édit de Nantes, un édit de paix religieuse (1598)
Préambule :
« Mais maintenant qu’il plaît à Dieu commencer à nous faire jouir de quelque meilleur repos, nous avons estimé ne le pouvoir mieux employer qu’à vaquer à ce qui peut concerner la gloire de son saint nom et service et à pourvoir qu’il puisse être adoré et prié par tous nos sujets et s’ il ne lui a plu permettre que ce soit pour encore en une même forme et religion, que ce soit au moins d’une même intention et avec telle règle qu’il n’y ait point pour cela de trouble et de tumulte entre eux. (…)
Pour ces causes, ayant avec l’avis des princes de notre sang, autres princes et officiers de la Couronne et autres grands et notables personnages de notre Conseil d’État étant près de nous, bien et diligemment pesé et considéré toute cette affaire, avons, par cet Édit perpétuel et irrévocable, dit, déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons :
I. Premièrement, que la mémoire de toutes choses passées d’une part et d’autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu’à notre avènement à la couronne et durant les autres troubles précédents et à leur occasion, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos procureurs généraux, ni autres personnes quelconques, publiques ni privées, en quelque temps, ni pour quelque occasion que ce soit, en faire mention, procès ou poursuite en aucunes cours ou juridictions que ce soit. (…)
III. Ordonnons que la religion catholique, apostolique et romaine sera remise et rétablie en tous les lieux et endroits de cestui notre royaume et pays de notre obéissance où l’exercice d’icelle a été intermis pour y être paisiblement et librement exercé sans aucun trouble ou empêchement. (…)
VI. Et pour ne laisser aucune occasion de troubles et différends entre nos sujets, avons permis et permettons à ceux de ladite religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de cestui notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d’icelle être recherchés dans les maisons et lieux où ils voudront habiter, en se comportant au reste selon qu’il est contenu en notre présent Édit. (…)
XVIII. Défendons aussi à tous nos sujets, de quelque qualité et condition qu’ils soient, d’enlever par force ou induction, contre le gré de leurs parents, les enfants de ladite religion pour les faire baptiser ou confirmer en l’Église catholique, apostolique et romaine. Comme aussi mêmes défenses sont faites à ceux de ladite religion prétendue réformée, le tout à peine d’être punis exemplairement. »
Doc.2c : L'édit de Fontainebleau et la révocation de l’Édit de Nantes (1685)
« Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : à tous présents et à venir. Salut.
Le Roi Henry le Grand, notre aïeul de glorieuse mémoire, voulant empêcher que la paix qu'il avait procurée à ses sujets, après les grandes pertes qu'ils avaient souffertes par la durée des guerres civiles et étrangères, ne fut troublée à l'occasion de la Religion Prétendue Réformée, comme il était arrivé sous les règnes des Rois ses prédécesseurs, aurait par son édit donné à Nantes au mois d'avril 1598, réglé la conduite à tenir à l'égard de ceux de ladite religion. (...)
Nous voyons présentement avec la juste reconnaissance que nous devons à Dieu, que nos soins ont eu la fin que nous nous sommes proposée, puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de la Religion Prétendue Réformée ont embrassé la Catholique. Et d'autant qu'au moyen de ce, l'exécution de l'édit de Nantes, et de tout ce qui a été ordonné en faveur de ladite R.P.R., demeure inutile, nous avons jugé que nous ne pouvions rien faire de mieux pour effacer entièrement la mémoire des troubles, de la confusion et maux que le progrès de cette fausse Religion a causé dans notre royaume, (...), que de révoquer entièrement ledit édit de Nantes, et les articles particuliers qui ont été accordés ensuite de celui-ci, et tout ce qui a été fait depuis en faveur de ladite Religion.
I. Faisons savoir, que Nous, pour ces causes et autres à ce nous mouvant, et de notre certaine science, pleine puissance, et autorité Royale, avons par ce présent édit perpétuel et irrévocable, supprimé et révoqué, supprimons et révoquons, l'édit du Roi notredit aïeul, donné à Nantes au mois d'avril 1598. (...)
II. Défendons à nosdits sujets de la R.PR. de ne plus s'assembler pour faire l'Exercice de ladite Religion en aucun lieu ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être, même d'exercices réels ou de bailliages, quand bien même lesdits exercices auraient été maintenus par les arrêts de notre conseil.
III. Défendons pareillement à tous seigneurs de quelque condition qu'ils soient de faire l'exercice dans leurs maisons et fiefs de quelque qualité que soient lesdits fiefs, le tout à peine contre tous nosdits sujets, qui feraient ledit exercice, de confiscation de corps et de biens.
IV. Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume et terres de notre obéissance, quinze jours après la publication de notre présent édit, sans y pouvoir séjourner au delà, ni pendant ledit temps de quinzaine n'y faire aucun prêche, exhortation ni autre fonction, à peine des galères.
VII. Défendons les écoles particulières pour l'instruction des enfants de ladite R.P.R., et toutes les choses généralement quelconques, qui peuvent marquer une concession, quelle que se puisse être, en faveur de ladite Religion.
IX. Et pour user de notre clémence envers ceux de nos sujets de ladite R.P.R. qui se seront retirés de notre royaume, pays et terres de notre obéissance, avant la publication de notre présent édit, nous voulons et entendons qu'en cas qu'ils y reviennent dans le temps de quatre mois, du jour de ladite publication, ils puissent, et leur soit loisible, de rentrer dans la possession de leurs biens et en jouir tout ainsi et comme ils auraient pu le faire, s'ils y étaient toujours demeurés; au contraire des biens de ceux qui dans ce temps là de quatre mois ne reviendront pas dans notre royaume, ou pays et terres de notre obéissance, qu'ils auraient abandonnés, demeurent et soient confisqués en conséquence de notre déclaration du vingtième du mois d'août dernier. »
Donné à Fontainebleau au mois d'octobre 1685.
Doc.2d : La vie d’une communauté réformée après la révocation de l'édit de Nantes, Mémoire de Jean Gaubert, in Journaux Camisards (1700-1715).
« […] L’an 1698, à Vébron – Le détachement alors était tous les soirs et les jours presque en campagne et d’une maison à l’autre on les fouillait pour voir si on avait des armes, des livres. Si on en trouvait on condamnait ou aux galères ou à l’amende. Ils cherchaient les pots aussi pour voir si on y avait cuit de la viande les jours maigres et le carême et on faisait payer l’amende s’ils en trouvaient. On faisait venir le monde à la messe, par amende, par garnison de soldats ou à coups de bâton. On comptait le monde (et on les appelait un par un par leur nom) à la porte comme des brebis et celui qui manquait était châtié. On forçait petits et grands à confesser, à communier et on donnait des billets à ceux qui avaient fait leur devoir comme on appelait. On condamnait â l’amende pour avoir chanté les psaumes et celui qui n’avait pas de billets payait l’amende ou était obligé à le faire, quelques-uns achetaient des billets d’un autre ou en volait pour ne pas le faire, d’autres crachaient l’hostie à la bouche ».
Doc.2e : l'exil des huguenots au XVIème siècle.

(Source : https://www.museeprotestant.org/notice/le-refuge-huguenot/)
Une première vague de départ, appelée Premier Refuge, a lieu dès les premières persécutions de 1560, et surtout après la Saint-Barthélemy. Des fugitifs quittent le royaume pour Genève, l’Angleterre ou les Provinces-Unies. Après l’édit de Nantes, les départs diminuent fortement, certains émigrés rentrent même en France. Mais chaque crise (comme les dragonnades du Poitou de 1681) entraîne de nouveaux départs. La courbe de l’exil atteint son pic à la révocation de l’édit de Nantes de 1685 : plus de 100 000 personnes franchissent les frontières entre 1685 et 1687. Cette deuxième vague constitue le Grand Refuge : de 1680 à 1715, 180 000 Français quittent leur pays, constituant le plus massif mouvement de migration de l’histoire de la France moderne.