T1 - Chapitre 2 : les régimes totalitaires (3ème partie)

Publié le 6 Janvier 2025

THÈME 1 - FRAGILITÉ DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE   (1929-1945)

 

Chapitre 2 : les régimes totalitaires (3ème partie).

 

Adolf Hitler et Benito Mussolini à Munich, en juin 1940.

 

III - Des régimes qui conduisent à la guerre.

 

A - Des projets, par nature, bellicistes

 

1. La guerre vue comme un idéal.

 

En Italie comme en Allemagne, l'idéologie officielle exalte la guerre : elle est présentée un moyen de revivifier la nation et/ou la race, de manifester sa puissance et de consacrer sa domination. Elle est aussi un moyen de prouver la vigueur des hommes dévoués à leur régime et de créer un sentiment d'unité nationale/raciale.

- Pour les nazis, la guerre est l’occasion d’éliminer les plus faibles et de donner un « espace vital » indispensable à la survie de la race aryenne (la "lebensraum"). Les conquêtes sont justifiées par la volonté de regrouper tous les peuples de race et de culture germanique au sein d’un grand Reich incorporant l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne et la Tchécoslovaquie (pangermanisme).

- Mussolini souhaite ressusciter l'empire romain par des conquêtes coloniales : en mai 1936, l’Italie s'empare de l’Éthiopie.

- L’URSS, ne manifeste toutefois aucune velléité guerrière dans les années 1930. Il s'agit déjà d'un empire.

 

La conquête de l’Éthiopie. Une de la Domenica del Corriere, décembre 1935.

 

2. Le rejet de l'ordre européen né de la Première Guerre mondiale.

 

Les régimes totalitaires rejettent l'ordre international né de la Première Guerre mondiale et de son règlement.

- En Allemagne, le traité de Versailles est considéré comme un diktat humiliant. Hitler rétablit le service militaire dés mars 1935, lance une politique de remilitarisation et occupe la Rhénanie en mars 1936.

- La SDN est aussi critiquée pour son ingérence ; l'Allemagne en sort en octobre 1933 (tout comme la Japon).

- Suite à la conquête de lʼÉthiopie en 1935-1936. Mussolini rejette les arbitrages proposés par la France et le Royaume-Uni, puis par la SDN ; cette dernière finit par imposer des sanctions économiques à lʼItalie en 1935. Deux ans plus tard, lʼItalie quitte à son tour la SDN.

 

Le Heinkel He 111, l'un des avions technologiquement avancés conçus et fabriqués illégalement au début des années 1930 dans le cadre du réarmement de l'Allemagne sous le Troisième Reich. Il équipa la légion Condor et fut employé pour le bombardement de Guernica.

 

Ces régimes font également preuve de mépris vis à vis des démocraties libérales (France, Grande Bretagne...) dont ils rejettent le modèle politique et les valeurs.

- Staline les considère comme l'expression du capitalisme libéral aux mains de la bourgeoisie (ennemie de la classe ouvrière) ;

- Pour Mussolini et Hitler ce sont des régimes de corrompus, de traitres, de faibles incapables de redonner leur grandeur à leur nation (cf Weimar et la légende du "coup de poignard dans le dos"). Ils se définissent à l'inverse comme des régimes forts, autoritaires, conduit par un chef charismatique.

=> Ainsi, ces régimes vont affirmer leur puissance en violant les traités internationaux et en défiant les démocraties.

 

B - Les nouveaux équilibres géopolitiques européens.

 

La mise en place des régimes totalitaires dans l'entre-deux-guerre bouleverse les équilibres géopolitiques européens.

 

1. Neutraliser l'Allemagne.

 

Les démocraties européennes, en particulier la France, cherchent à isoler lʼAllemagne hitlérienne sur la scène diplomatique.

- En septembre 1934, lʼURSS intègre la SDN. Pierre Laval, ministre français des Affaires étrangères, et lʼambassadeur soviétique Potemkin signent en mai 1935 un traité dʼassistance mutuelle qualifié de « politique de la main tendue ». Cette alliance franco-soviétique sʼillustre en France par le rapprochement des socialistes (SFIO) avec les communistes (PCF) dans le cadre du Front Populaire qui remporte les élections en mai 1936.

- Les diplomates français, italiens et britanniques se réunissent pour la conférence de Stresa (Italie) en avril 1935, pour promouvoir une politique commune face au réarmement allemand. L'accord vise à empêcher toutes futures tentatives allemandes de modifier le traité de Versailles et à isoler le régime nazi.

- La France et la Grande-Bretagne, sous l'influence d'une opinion publique encore traumatisée par la Première Guerre mondiale et très majoritairement pacifiste, mènent une politique de dialogue et d'apaisement dont le but est avant tout d'éviter la guerre.

- La SDN quant à elle se montre tout à fait impuissante à faire respecter les traités internationaux bafoués par l'Allemagne : elle ne dispose pas d'armée, les États-Unis n'en font pas parti...

 

P. Laval, B. Mussolini, R. MacDonald, P.E. Flandin forme le "fond de Stresa"

 

2. Le rapprochement des régimes autoritaires.

 

A partir du milieu des années 1930, aussi bien pour des raisons idéologiques que par pragmatisme géopolitique, les régimes autoritaires européens se rapprochent.

- En octobre 1936, dans le contexte de la crise éthiopienne, l'Allemagne et l'Italie concluent une alliance, lʼaxe Rome-Berlin. Le "front de Stresa" est rompu.

- En 1939, Hitler s’allie au Japon avec le pacte anti-Komintern pour contrer l'influence soviétique. Selon un protocole secret, les deux pays se prêtent mutuellement secours si l'un des deux est attaqué par l'URSS.

 

L'ambassadeur japonais Kintomo Mushanokōji et le ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne nazie Joachim von Ribbentrop lors de la signature du Pacte anti-Komintern en 1936.

 

3. La guerre d'Espagne.

 

Entre 1936 et 1939, les régimes totalitaires interviennent dans la guerre civile espagnole pour des raisons idéologiques (soutien aux franquistes ou aux communistes) et stratégiques.

- A partir de 1936, la guerre civile espagnole oppose les nationalistes du général Franco aux républicains (notamment communistes et anarchistes). Très vite, le conflit sʼinternationalise.

- Les nationalistes espagnoles cherchent de lʼaide auprès de lʼItalie et de lʼAllemagne. Les italiens envoient 75 000 soldats et les allemands testent leur matériel et leur stratégie de guerre lors de bombardements aériens (comme avec la légion Condor à Guernica en avril 1937).

- Les républicains font appel à lʼURSS qui envoie des armes (900 chars) et des conseillers militaires, ainsi qu'aux aux démocraties occidentales, (France et Grande-Bretagne) qui ne s'engagent pas dans le conflit, notamment pour ne pas se mettre à dos un électorat majoritairement pacifiste.

- Plusieurs milliers de personnes, venues de 53 pays différents, sʼengagent volontairement dans les Brigades Internationales pour lutter contre Franco et ses soutiens fascistes.

- La guerre s’achève en 1939 lorsque les franquistes prennent Madrid. L’arrivée au pouvoir de Franco renforce les régimes autoritaires d’extrême droite au détriment des démocraties libérales et d'URSS. 

 

"Guernica", pablo Picasso, 1937

La ville de Guernica après les bombardements.

 

C. La marche à la guerre (1938-1939).

 

1. Les premiers coups de force allemands.

 

Hitler profite des divisions internes aux démocraties occidentales et de la vigueur du pacifisme dans l’opinion européenne pour réaliser les premières annexions territoriales.

- Hitler annexe tout d'abord l'Autriche en mars 1938 : c'est l'Anschluss. Le Parti nazi autrichien (soutenu par l'Allemagne) organise un coup dʼÉtat qui permet ensuite à la Wehrmacht dʼannexer lʼAutriche sans rencontrer de résistance

- En septembre 1938, Hitler prétexte l’oppression des Allemands qui vivent dans la région des Sudètes (ouest de la Tchécoslovaquie) pour revendiquer ce territoire. Il menace d'une guerre en cas d'opposition des démocraties (la Tchécoslovaquie étant alliée de la France et de la Grande Bretagne). Une conférence est alors organisée à Munich en septembre 1938, regroupant Mussolini (en tant qu'intermédiaire), Hitler, Chamberlain (1er ministre britannique) et Daladier (chef du gouvernement français) : les accords de Munich autorisent finalement Hitler à annexer la région sans aucune contrepartie.

- A leur arrivée à Paris et Londres, les deux chefs de gouvernement sont acclamés pour avoir "sauvé la paix". Seuls quelques voix minoritaires s’élèvent pour dénoncer un compromis lâche qui ne fait que retarder l'inéluctable échéance de la guerre. Churchill déclare ainsi à propos de ces accords : « vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre »

 

Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini à Munich le 29 septembre 1938.

La une du Petit Parisien au lendemain de la signature des accords de Munich.

 

2. le basculement vers la guerre.

 

- Fort de son succès diplomatique à Munich, Hitler poursuit sa politique d’expansion vers l’Est. En mars 1939, la Wehrmacht s'empare Tchécoslovaquie.

- Mussolini entame la conquête de l'Albanie en avril 1939.

- En août 1939, les ennemis allemands et soviétiques signent un Pacte de non-agression (le pacte Ribbentrop-Molotov), qui prévoit en secret le partage territorial de la Pologne.  

- LʼAllemagne nazie envahit le territoire polonais le 1er septembre. Alliés de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à lʼAllemagne le 3 septembre : la Seconde Guerre mondiale commence.

 

L'Europe en 1939

 

Vocabulaire

annexion / Anschluss / pangermanisme / SDN

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #Term Histoire

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