La frontière entre les deux Corées : une frontière fermée - jalon
Publié le 30 Janvier 2024
Jalon :
LA FRONTIÈRE ENTRE LES DEUX CORÉES : UNE FRONTIÈRE FERMÉE
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Soldats sud et nord coréens de part et d'autre de la frontière dans la zone de sécurité commune de Panmunjeom.
=> Dans quelle mesure la frontière entre les deux Corées est-elle une frontière fermée et une source de tensions ?
I - LA GUERRE DE CORÉE (1950-53) ET LA DIVISION DU PAYS.
Document #1 : "La guerre de Corée a 30 ans", TF1 actualité, 29 juin 1980 (source : ina)
Document #2 : La guerre de Corée, 1950-53
Document #3 : "Deux États aux destins opposés", Perspective monde, Université de Sherbrooke, 2017
"La Corée du Sud sort dévastée de la guerre (1953). Misant sur un modèle de développement capitaliste, le pays connaît un élan industriel important à partir des années 1960. Il en fera une des puissances économiques de la région du Pacifique. Le pays adopte des réformes démocratiques en 1987. Une nouvelle constitution, approuvée par référendum, précède l'arrivée du pouvoir d'un président civil en 1992. Le modèle démocratique sud-coréen persiste au fil des ans, de même que la croissance économique qui, malgré quelques soubresauts, contribue à faire de la Corée du Sud une force montante sur la scène internationale.
La Corée du Nord devient une République démocratique populaire en 1948. Sous la direction de Kim Il-sung qui reste au pouvoir durant un demi-siècle, la Corée du Nord adopte et conserve un modèle de développement communiste. Profondément affectée par la guerre, elle conserve, bien après, une économie chancelante dont les rendements ne suffisent pas à satisfaire les besoins essentiels de la population. Une famine dévastatrice sévit notamment au cours des années 1990 et le pays reste en marge du processus démocratique qui touche les anciens États communistes."
Document #4 : Deux États inégalement développés
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Document 4a : La Corée du Nord et la Corée du Sud comparées.
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Document 3b : image satellite de l’électrification des deux Corées.
II - LA FRONTIÈRE CORÉENNE : MILITARISATION ET OUVERTURE.
Document #1 : "les caractéristiques de la frontière intercoréenne", Laurent Quisefit, L’Espace Politique, 2013.
Le 38e parallèle nord sépare la République de Corée (Sud) de la République populaire et démocratique de Corée (Nord, RPDC), divisant la péninsule en deux entités territoriales sensiblement égales au regard de la superficie du moins. La décision initiale, prise dans une optique temporaire par les deux superpuissances à la fin de la Seconde Guerre mondiale, se transforma progressivement en une ligne de démarcation fermée, puis en une véritable frontière durant l’été 1948. Niée par les deux camps pendant la guerre de Corée, c’est cette même ligne qui fut reprise pour l’armistice, au prix d’ajustement mineurs, lourds de périls pour les populations concernées. L’armistice du 27 juillet 1953 prévoyait le retrait de toutes les troupes à deux kilomètres de chaque côté de la frontière. Ainsi se constitua une zone de quatre kilomètres de large, baptisée DMZ (DeMilitarized Zone), totalement vide. La frontière est donc constituée d’une démarcation militaire, ou MDL (Military Démarcation line), qui suit l’ancien front, devenue frontière, et par la DMZ, zone largement minée, avec plus d’un million de mines. Plus au sud, la zone de contrôle civil est une marche dans laquelle le séjour des civils sont gouvernés par des règles strictes. En réalité, cette démilitarisation cachait l’établissement de défenses en profondeur, de champs de mines, de moyens d’observation, de contrôle et de combat sans cesse perfectionnés. La DMZ court sur 248km, sur un tracé assez proche du 38e parallèle, créant une sorte de réserve naturelle en friche, totalement abandonnée par les hommes, sauf quelques patrouilles. Au nord et au sud de la DMZ, des clôtures, des lignes de barbelés, des tranchées tracent un paysage géomilitaire symétrique scandé de loin en loin par des miradors et des observatoires reliés par une rocade de patrouille. Panmunjŏm, sur les lieux mêmes des négociations d’armistice, a longtemps été l’unique point de contact sur la DMZ. Les baraques s’y visitent sous une surveillance attentive. Cette enclave connue sous le nom de Joint Security Area (JSA) est desservie par une route unique qui s’enfonce dans la DMZ. Cette zone de contrôle commun comprend les baraques des négociations, où se réunissent encore les différentes commissions mixtes, et divers bâtiments, guérites et installations. La porosité de la barrière reste donc très partielle et sévèrement contrôlé. S’il faut aux délégués officiels et aux experts techniques des autorisations spéciales pour passer d’une Corée à l’autre, la barrière reste infranchissable au quidam. Le 38e parallèle est autant frontière militaire que barrière prophylactique, destinée à empêcher la contamination idéologique. Pour la RPDC, le mur frontière est tout autant un outil de contention empêchant la fuite des opposants politiques et des migrants économiques, obligés de contourner le mur via la Chine ou la mer.
Document #2 : La zone démilitarisée entre le deux Corées (DMZ)
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Document #3 : Plan de la zone de zone de sécurité conjointe de Panmunjeom.
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Document #4 : "Tourisme dans la DMZ", France 2, 2019,
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Document #5 : "Le parc de Kaesong, une initiative intercoréenne", Philippe Pelletier, Libération, 5 mai 2014
Les relations humaines, politiques et diplomatiques entre les deux Corées se refroidissent ou se réchauffent au gré des circonstances. Mais le « Parc industriel de Kaesong », construit par une branche du conglomérat sudiste Hyundai en territoire du Nord, juste de l’autre côté de la frontière, continue de tourner à plein régime. Ouvert en 2005, relié au Sud par une route et une voie ferrée, alimenté en circuit électrique et téléphonique par ce même Sud, il occupe désormais plus de cinquante mille travailleurs nord-coréens, dont de nombreuses femmes, dans plus d’une centaine d’entreprises sudcoréennes (mécanique de précision, électronique, textile…). Le salaire y correspond à un cinquième du salaire minimum sud-coréen. Après une détérioration sur place des rapports intercoréens en 2008-2009, l’activité et la production y décollent en 2012 et poursuit sa croissance depuis.