T2 - Chapitre 1 : la fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d'un nouvel ordre mondial (1944-49) (deuxième partie)

Publié le 2 Avril 2024

Thème  2 – LA MULTIPLICATION DES ACTEURS INTERNATIONAUX DANS UN MONDE BIPOLAIRE (DE 1945 AU DÉBUT DES ANNÉES 1970)

 

Chapitre 1 : la fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d'un nouvel ordre mondial (1944-49) (deuxième partie)

 

 

III - LES PREMIÈRES TENSIONS ET LES DÉBUTS DE LA GUERRE FROIDE.

 

A - La montée des tensions entre les deux grands.

 

1. La rupture progressive de la grande alliance.

 

Si la création de l'ONU suscite d'immenses espoirs, les premières tensions entre les deux grands ne tardent pas à voir le jour.

- dès la conférence de Potsdam, les relations entre les anciens alliés se détériorent : Staline reproche aux alliés d'avoir supprimé leur aide financière à l'URSS alors que Truman et les britanniques craignent de plus en plus l'expansionnisme soviétique en Europe de l'est.

- dans les territoires libérés du nazisme, toujours occupés par l'armée rouge, Moscou favorise l'installation de gouvernements pro-soviétiques au mépris des principes de la démocratie. Pour Churchill, "de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent"...

- les désaccords entre les deux grands se font de plus en sentir à partir de 1946, comme au sujet de la Grèce, de l'Iran ou de la Turquie. la grande alliance à vécu...

 

2. Le tournant de 1947.

 

Alors que les tensions se font grandissantes entre les deux grands vainqueurs de la 2nde Guerre mondiale, l'année 1947 marque le début d'un nouveau conflit idéologique sans affrontement militaire direct : la Guerre Froide.

- Pour Truman, l'Europe est menacée par l'URSS et la  diffusion du communisme. Dans la "doctrine Truman" présentée au Congrès le 12 mars 1947, il définit les modalités de sa politique contre les soviétiques. Les États-Unis se positionnent dès lors en défenseur du "monde libre" face à la  "tyrannie" communiste, mettant ainsi fin à l'isolationnisme traditionnel de du pays.

- la doctrine de Truman est celle du "containment" ("endiguement") dont l'objectif est de contenir la diffusion du communisme dans le monde. Il demande ainsi tout d'abord au Congrès de débloquer des crédits pour aider la Grèce (en pleine guerre civile) et la Turquie (en proie aux pressions de l'URSS).

- Convaincu que le communisme prospère sur la misère née de la 2nde Guerre mondiale, Truman lance le plan Marshall en juin 1947. Il s'agit d'un vaste plan d'aide économique de 13 milliards de dollars à destination des pays d'Europe (URSS compris) qui sont chargés de sa répartition. Tout en favorisant le redressement économique et la coopération des États du vieux continent, le plan Marshall doit aussi servir à combler le "dollar gap" en permettant à l'industrie américaine d'écouler ses productions et de maintenir sa prospérité. Sous la pression de l'URSS, les pays d'Europe de l'est refusent l'aide américaine.

- Face à ce qu'ils qualifient "d'impérialisme", les dirigeants soviétiques réagissent avec la doctrine Jdanov de septembre 1947. Le monde est présenté comme divisé en deux camps opposés, l'URSS représentant celui de "l'anti-impérialisme" et des "démocraties nouvelles" se battant contre les États-Unis.

- La doctrine Jdanov donne naissance au Kominform, organe de coordination politique de tous les partis communistes européens. Il permet à Moscou de contrôler tous les mouvements communistes et de renforcer encore son influence sur les États d'Europe centrale et orientale.

 

Affiche en faveur du plan Marshall, 1948

 

3. La division de l'Europe (1947-49)

 

L'Europe est le premier théâtre de l'affrontement est-ouest. Le "rideau de fer" décrit par Churchill sépare rapidement le continent en deux camps opposés. L'Allemagne, toujours sous le contrôle des alliés, devient un enjeux majeur pour les deux superpuissances.

- à l'est, Staline renforce son influence en mettant en place des "démocraties populaires", États satellites dont le modèle politique et économique est calqué sur celui de l'URSS (parti unique, économie étatisée, absence de liberté individuelle et collective...). C'est par exemple le cas avec le coup de Prague de 1948. La Tchécoslovaquie, pays le plus développé d'Europe de l'est, parvient à rétablir la démocratie dés 1945. Cependant, le gouvernement, qui réunit communistes et libéraux, subit l'influence de plus en plus forte des communistes et de l'URSS, au point d'être forcé à renoncer aux aides du plan Marshall.  La crise politique éclate le 17 et dure jusqu'au 25 février 1948 : les ministres libéraux du gouvernement s'opposent à la nomination de huit nouveaux commissaires de police à Prague, tous communistes; leur requête est rejeté par le président Benes qui, sous la pression de Moscou et de la rue (manifestations de milices ouvrières pro-communistes), forme un nouveau gouvernement uniquement constitué de communistes et dirigé par Klement Gottwald. Une répression politique s'abat sur les opposants et une nouvelle constitution est promulgué en juin. La Tchécoslovaquie est le dernier pays d'Europe à basculer dans le giron soviétique.

 

Klement Gottwald haranguant les manifestants ouvriers pendant la crise politique.

 

- l'Allemagne et Berlin deviennent le premier terrain d'affrontement des deux grands. Après la fusion de leurs zones (juin 1948), les occidentaux créent une nouvelle monnaie pour la partie ouest du pays (ainsi que la zone occidentale de Berlin). Staline, qui cherche à récupérer le contrôle intégral de la capitale allemande, prend le prétexte d'un non respect des accords de Yalta et Potsdam pour entamer un blocus de Berlin-ouest. Pendant 11 mois (juin 1948-mai 1949), les américains répondent au bras de fer imposé par Staline par la mise en place d'un "pont aérien" afin d'approvisionner les habitants de Berlin-ouest en vivres et en charbon. Le blocus est levé le 12 mai 1949 mais cette première crise de Berlin accélère la division du pays en deux États antagonistes : la RFA à l'ouest (une démocratie libérale alliée des États-Unis) et la RDA à l'est (une "démocratie populaire" dominée par l'URSS). Berlin-ouest reste attachée à la RFA.

 

Berlinois regardant un avion américain atterrir pendant le blocus (1948)

 

- chaque superpuissance noue des alliances dans leur zone d'influence respective : en avril 1949, les américains créent l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN), alliance diplomatique et militaire avec les États d'Europe de l'ouest ; les soviétiques ripostent en 1955 avec la signature du Pacte de Varsovie qui lie militairement l'URSS et les "démocraties populaires" d'Europe de l'est. Les États-Unis encouragent par ailleurs la construction européenne dans le cadre de l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE, 1948, à l'origine chargée de répartir les crédits accordés par le Plan Marshall) ; Moscou de son côté crée le Conseil d'Assistance Économique Mutuelle (CAEM ou COMECON) afin de spécialiser et de planifier les économies de ses États-satellites.

 

L'Europe au début des années 1950 : un continent déchiré par le rideau de fer.

 

B - Le début de l'émancipation des colonies européennes.

 

Les puissances coloniales européennes sortent affaiblies du second conflit mondial et leur domination est remis en cause dans les colonies.

- des manifestations (comme en Algérie, à Sétif, en mai 1945 où la répression est sanglante) et des guerres d’indépendance éclatent (comme en 1946 en Indochine à la suite de la proclamation du leader nationaliste et communiste Hô Chi Minh).

- français et britannique mettent fin à leur mandat au Moyen-Orient et quittent la région dés 1946-47.

- la Grande-Bretagne accorde par ailleurs son indépendance à l'Inde, en aout 1947. L'ancienne colonie est divisée en deux États (l'Union Indienne et le Pakistan) sur des bases confessionnelles. Les mouvements de population (10 à 15 millions de personnes déplacés) qui suivent cette partition entrainent des milliers de morts (entre 300 000 et 500 000).

 

Manifestation à Sétif (Algérie) le 8 mai 1945

 

La partition entre l'Union Indienne et le Pakistan (1947)

 

C - La montée des tensions au Moyen-Orient

 

Dans cette région stratégique (notamment en raison de ses réserves de pétrole), la rivalité croissante entre américains et soviétiques ainsi que la fin des mandats français et britanniques entrainent des tensions et des crises.

- dès février 1945, Roosevelt conclut un accord sur le pétrole avec le roi Ibn Saoud d’Arabie Saoudite (accords du Quincy), puis négocie une base aérienne. Durant l’été 1946, Staline tente de son côté d’obtenir des concessions de la part de la Turquie, mais recule face à l’opposition des États-Unis.

 

Le président Franklin Roosevelt en compagnie du roi Abdelaziz Al Saoud sur le USS Quincy en février 1945

 

En Palestine, alors sous mandat britannique, la fin de la Seconde Guerre mondiale favorise les mouvements nationalistes et plonge la région dans la guerre civile.

- à l'origine de la création d’Israël : le mouvement sioniste est fondé en 1897 par Théodore Herzl en réaction à l'antisémitisme régnant en Europe. Mouvement nationaliste et laïque, il vise à l'établissement d'un "foyer national juif" en Palestine. Pendant l'entre-deux-guerre, les britanniques favorisent l'émigration juive au dans la région (déclaration Balfour de 1917), ce qui entraine des tensions et des affrontements entre les communautés juive et arabe.

- la Ligue Arabe est créée en 1945 au Caire. Elle vise à affirmer l'unité de la "nation arabe" et l'indépendance de chacun de ses membres (à l'origine l'Égypte, l'Arabie saoudite, l'Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie. et le Yémen du Nord). Elle s'oppose à l'établissement d'un foyer nationale juive en Palestine.

- entre 1945 et 1947, les violences et les affrontements se multiplient entre les deux communautés, d'autant qu'après la Shoah, de nombreux survivants juifs  cherchent à s'installer en Palestine (cf l'épisode du navire Exodus). Le plan de partage de l'ONU de novembre 1947 attise un peu plus les tensions et voit la région basculée dans une véritable guerre civile. C'est dans ce contexte que David Ben Gourion proclame la naissance de l’État d’Israël le 14 mai 1948.

 

La plan de partage de la Palestine par l'ONU, 1947

 

Le 14 mai 1948 à Tel-Aviv, David Ben Gourion annonce la naissance d’Israël : « Eretz Israël est le lieu où naquit le peuple juif… En ce jour où prend fin le mandat britannique et en vertu du droit naturel et historique du peuple juif et conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, nous proclamons la création d’un État juif en terre d’Israël qui portera le nom d’État d’Israël. ». Sur le mur, le portrait de T. Herzl, fondateur du mouvement sioniste.

 

Vocabulaire :

blocus - containment (endiguement) - démocratie populaire - Guerre Froide - Kominform - impérialisme - ligue arabe - mandat (de la SDN) - nationalisme - plan Marshall / plan Dodge - sionisme - veto.

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #Term Histoire

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