Les hostilités israélo-palestiniennes refont surface, un conflit hors du temps (lycéelouisarmand.fr)

Publié le 23 Mai 2021

Les hostilités israélo-palestiniennes refont surface, un conflit hors du temps.

 

L'esplanade de Mosquées, théâtre d'affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens depuis le 7 mai 2021 (AFP)

 

Cet article est le fruit d'un travail de recherche, de synthèse et d'écriture collaborative mené (en un temps record) par les élèves de TG2 du lycée Louis Armand d'Eaubonne. Bravo à eux.

Bonne lecture!


I - Le récit des évènements.

Ce mois de mai 2021 à vu renaître les tensions existantes entre Israël et la Palestine. En quelques jours les nombreux affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israélienne ont fait des centaines de blessés et dépassent maintenant les limites de la ville sainte.
Le 7 mai 2021, des affrontements éclatent sur l'esplanade des Mosquées entre des palestiniens rassemblés pour la grande prière du vendredi et la police israélienne. Le 9 mai, la police fait usage de grenades assourdissantes, dont certaines atterrissent dans la mosquée, tandis que les émeutiers lancent des projectiles. Suite à cela, entre le 10 et le 12 mai, le Hamas, tire plus de 1 200 roquettes sur les villes israéliennes, tuant plus de six civils israéliens et en blessant au moins 70. En réponse aux attaques de roquettes, l'armée israélienne riposte par des centaines de frappes aériennes sur Gaza, faisant au moins 30 morts. Le 11 mai, ces frappes cible une tour résidentielle de 13 étages à Gaza qui abritait, selon l'armée israélienne, des membres du Hamas.

 

Bombardements israélien sur gaza (lepoint.fr / Yousseff Massoud / AFP)


On dénombre plus de 600 sorties de l'aviation israélienne en trois jours sur la bande de Gaza, provoquant ainsi la mort de plus de 80 personnes. Les 13 et 14 mai, les violences communautaires se poursuivent et s'étendent dans plusieurs villes d'Israël jusqu'à la Cisjordanie où d'importants heurts éclatent avec l'armée israélienne faisant au moins 11 morts palestiniens et plus de 150 blessés. Les tirs de roquettes se poursuivent (on en compte 2000 tirées depuis le lundi 10 mai), les bombardements israéliens aussi. À parti du 15 mai, les cibles s'élargissent : l'immeuble abritant les locaux de la chaîne de télévision Al Jazeera et de l'agence de presse Associated Press dans la bande de Gaza est détruit par un missile israélien. Le lendemain, au moins 40 Palestiniens, dont 8 enfants, sont tués par des frappes israéliennes lancées sur la bande de Gaza. Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza reprennent le lundi 17 mai ; après une pluie de feu lors de la nuit suivante, l’armée israélienne, lance le 19 mai de nouvelles frappes, tandis que, dans le sud d’Israël, les tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien proche de la côte ne connaissent aucun répit. Le 20 mai, 5 palestiniens sont tués dans des frappes israéliennes menées dans la bande de Gaza.

 

La tour Jala qui abrite la chaîne de télévision Al-Jazeera et l'agence de presse Associated Press (Mahmud Hams / AFP)


Vendredi 21, un cessez le feu entre Israël et le Hamas entre en vigueur. Depuis le 10 mai, 243 palestiniens et 12 israéliens ont perdu la vie dans ces affrontements. L'avenir de ce conflit reste à ce jour quelque peu flou quant à ses modalités et son déroulement, mais une chose  est sûre, les événements récents et leurs retombées marqueront profondément l'histoire de la région.


II - L'origine des violences

L'actuel conflit entre la Palestine et l'Israël semblait endormi depuis ces derniers temps. Cependant, ce sont à nouveau des scènes de guerre qui se sont déroulées en plein cœur du Moyen-Orient. Ces violents heurts illustrent dramatiquement un profond conflit qui marque depuis plusieurs décennies la région et la communauté internationale. En effet, l’escalade des violences entre l'Israël et les territoires palestiniens s’explique par diverses causes.
Tout d'abord, il y a un fort clivage religieux dans la région. La vieille ville de Jérusalem concentre différents sites religieux de haute importance. On y trouve notamment l'Esplanade des Mosquées, lieu saint de l’Islam avec deux mosquées primordiales, dont la plus grande de Jérusalem, la mosquée Al-Aqsa Cette 'esplanade des Mosquées occupe la majeure partie du mont du Temple, considéré comme le lieu le plus sacré du judaïsme, sur lequel se trouvait, selon la tradition juive, le Temple de Jérusalem. L'intervention de la police israélienne sur cette esplanade ainsi que des limitations d'accès aux mosquées en plein mois de Ramadan, ont été des éléments déclencheurs de ces derniers jours de violence. Le Hamas, organisation politique et militaire islamiste palestinienne qui a pour but principal de détruire Israël afin de rétablir un gouvernement islamique sur la Palestine, a ainsi menacé Israël d'une escalade militaire si la police ne se retirait pas de l'esplanade.

 

Vue du mont du Temple depuis le sud. Au premier plan la mosquée Al-Aqsa et au centre le Dôme du Rocher (Andrew Shiva / Wikipedia)

 
De plus, ces tensions sont également liées à "l’aménagement des territoires" mis en œuvre par le gouvernement israélien. Celui-ci mène en effet une politique de "colonisation" et cherche à chasser les habitants palestiniens par l'arrivée de colons juifs qui viennent se loger dans des zones habitées et destinées originairement aux palestiniens. L´arrivée de colons est bien évidemment  source de tensions et de violences. Ces tensions furent visibles dans les affrontements du 6 mai : des manifestants palestiniens affrontent la police israélienne à la suite d'une décision d'expulsions de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah dans Jérusalem-Est alors que ces familles y vivaient depuis des décennies. Enfin, l'escalade du conflit peut également se justifier par le contexte politique. En effet, la position du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est fragilisée ces derniers temps et l'escalade des violences est une occasion pour lui de se maintenir au pouvoir encore quelques temps

 

La colonie juive de Har Homa, dans les environs de Jérusalem-EstYuval Nadel / AFP / 2010)

 

La colonisation de Jérusalem-Est (lefigaro.fr / Reuters / 2013)

 

III - Les réactions de la communauté internationale.

Ces violences ont suscité des réactions dans le monde entier. De L'ONU (Organisation des Nations unies, une organisation internationale regroupant actuellement 193 États membres). En effet, la communauté internationale appelle à "une désescalade des violences ". Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni trois fois en urgence, sans néanmoins parvenir à trouver un accord en faveur d'une désescalade. De plus, chaque année, l'assemblée générale de l'ONU vote une résolution intitulé "Règlement Pacifique de la Question de Palestine". Ce règlement demande par exemple à Israël de se retirer des territoires occupés et notamment de Jérusalem Est. Cet accord est accepté par la plupart des pays sauf par les États-Unis, l'Israël, l'Australie et quelques îles du Pacifique. Il reste donc assez impuissant face à ce conflit, par le fait que la communauté internationale n'a pas le même point de vue, les États européens et les États-Unis étant plus proches d'Israël. En revanche, la Chine, la Russie et les pays musulmans soutiennent plus les palestiniens. Tout ceci, ainsi que la crise du covid-19 affaiblit grandement la puissance de la communauté internationale. De plus, ces derniers jours, les efforts diplomatiques menés par l’ONU, et surtout par l’Égypte, ont échoué, le Premier ministre israélien étant déterminé à infliger de lourdes pertes et dégâts au Hamas avant d’envisager un cessez-le-feu.

 

Le Conseil de sécurité a tenu un débat ouvert le dimanche 16 mai sur la situation au Moyen-Orient (news.un.org)


Concernant les États-Unis, le président Joe Biden a eu un entretien avec le premier ministre de l’État hébreu Benyamin Nétanyahou. Les dires du Premier ministre portent à croire que ces tensions sont liées au terrorisme : "l'Israël faisait tout pour éviter de s’en prendre à des personnes non impliquées". Les États-Unis ont donc entamé un processus de médiation en dépêchant un émissaire américain. Selon la maison Blanche, cette approche diplomatique des États-Unis serait "discrète" mais "intensive". Cependant, le Washington Post a révélé que les États-Unis venaient de signer un contrat de vente d'armes avec l’État d’Israël, pour un montant de 735 millions de dollars. Si la réaction des USA est si discrète, c'est aussi parce qu'ils n'ont pas ou très peu d'intérêts économiques dans cette région (ils n'ont plus besoin de pétrole grâce à leur gaz de schiste), autrement dit, leur but est surtout d'avoir le bon rôle dans cette histoire pour bien se faire voir par la communauté internationale et de maintenir une relation de confiance avec leur allié israélien. Cette absence de réaction pourrait s'expliquer également par la volonté de l'administration Biden de ne pas vouloir se mettre à dos la communauté juive américaine. Celle-ci, qui représente près de 40% de la population juive mondiale communauté, joue un rôle non négligeable dans la vie culturelle et politique des États-Unis. La mission diplomatique américaine a d'ailleurs affirmé à l'ONU ce mercredi 19 mai que les États-Unis ne soutiendraient pas le projet de résolution française appelant à un cessez le feu. Joe Biden s'est toutefois prononcé vendredi soir en faveur de la solution à deux États qu'il estime être le seul moyen pour mettre fin au conflit israélo-palestinien.

 

Conférence de presse de Joe Biden (lepoint.fr / Brendan Smialowski / AFP)


A l’image de l’ONU, la communauté européenne est également divisée. Le président français Emmanuel Macron avait notamment soutenu la médiation égyptienne, en accord avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et la Jordanie sur "la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités". De son côté, Angela Merkel a souhaité que les conflits "prennent fin le plus rapidement possible" lors d’un appel au Premier ministre Israélien Benyamin Netanyahou. Elle a notamment, selon Steffen Seibert  sur Twitter, de nouveau condamné fermement la poursuite des tirs de roquettes depuis Gaza sur Israël et a assuré au Premier ministre la solidarité du gouvernement allemand. Elle a réaffirmé le droit d'Israël à se défendre contre ces attaques.
Ee son côté, le président Turc Recep Tayyip Erdogan a ce lundi critiqué vivement les attaques d'Israël: "Ce sont des meurtriers, à tel point qu'ils tuent des enfants âgés de cinq ou six ans. Il n'y a que sucer le sang qui les assouvit."
En ce qui concerne la communauté palestinienne et ses supporters  en France, elle a été interdite de manifester par Gérald Darmanin (ministre de l'intérieur) en raison des incidents de 2014 durant les manifestations contre une opération de l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Le ministre de l'intérieur a rappelé les cris de "Mort aux Juifs" et déclaré : "On ne peut pas avoir de manifestation de haine, de manifestation antisémite". Cette décision a provoqué des fractures au sein de la gauche. Jean-Luc Mélenchon affirme que ce rassemblement est interdit dans le "seul but de provoquer et de pouvoir stigmatiser la cause palestinienne".

 

Berlin, 15 mai 2021. Manifestation en soutien au peuple palestinien. (Stefanie Loos / AFP)


De nombreuses manifestations de soutien aux Palestiniens ont pris place dans différentes villes d’Afrique du Sud. Ce dernier vendredi (le 14 mai), le gouvernement de Cyril Ramaphosa, président de la république d’Afrique du Sud, a délibérément condamné les "les attaques injustes d’Israël sur les civils palestiniens" dans un communiqué. Comme nous en informe le journal Le Monde, la communauté internationale est invitée à intervenir dans l’ouverture d’une enquête sur les actions du gouvernement israélien auprès de la Cour pénale internationale pour de possibles « crimes contre l’humanité ».
Au Maroc, la situation provoque un malaise. En effet, depuis décembre 2020, le royaume a rétabli ses relations diplomatiques avec l'État d'Israël en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur l'Ouest du Sahara. Ceci avait permis de faire approuver la décision auprès de la majorité de la population et d'apaiser le courant d'opinion pro-palestinien. Cependant, les récentes attaques à Jérusalem ont fait oublier cette victoire diplomatique et des rassemblements en solidarité aux palestiniens ont été organisés lundi dernier à Casablanca et Rabat. Ces manifestations ont été dispersés par une intervention des forces de police et l'indignation s'est alors déplacée aux réseaux sociaux. Le roi Mohammed VI étant président du comité Al-Qods, créé par l'OCI (Organisation de la Coopération Islamique) pour la préservation du patrimoine de Jérusalem, les internautes s'interrogent sur la position du Maroc.

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #divers

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