L'accès à l'information : de la censure à la surcharge informationnelle.

Publié le 3 Novembre 2025

THÈME 1 : S'INFORMER, UN REGARD CRITIQUE SUR LES SOURCES ET LES MODES DE COMMUNICATION

 

L'accès à l'information : de la censure à la surcharge informationnelle (intro)

 

 

 I - Un inégal accès à l'information.

 

Doc. 1 : L'utilisation d'internet dans le monde : part de la population ayant accès à internent (2022).

En 2021, 63,07 % de la population mondiale a accès à Internet, contre seulement 0,04 % en 1990, 6,74 % en 2000, et 28,80 % en 2010.

 

Doc. 2 : La liberté sur internet (2019).

C’est la neuvième année consécutive que la liberté sur Internet est en déclin dans le monde selon l'étude annuelle de l’ONG Freedom House. L’analyse couvre 65 pays et attribue à chacun d’entre eux un score de liberté en ligne basé sur différents critères : obstacle à l’accès, censure des contenus et violation des droits des utilisateurs. Sur l’ensemble des pays étudiés, 33 ont vu la liberté sur Internet se dégrader tandis que seulement 16 ont observé des progrès. Au total, seulement 23 % des pays évalués ont un « Internet libre » selon l’étude. Les auteurs du rapport s’inquiètent de la montée de l’autoritarisme numérique, qui s’inspire notamment du « Grand Firewall de Chine », le modèle chinois de censure d’Internet.

 

Questions : en vous appuyant sur les 2 documents ci-dessus

- montrez l'inégal accès à internet dans le monde.

- donnez des éléments d'explication à cet inégal accès.

 

Doc. 3 : la liberté de la presse dans le monde (2024).


Doc. 4 : les menaces sur la liberté de la presse, france24.com, le 02.05.2025

(...) Multiplication des fermetures de médias, domination des géants du numérique, mainmise de milliardaires... Les pressions économiques menacent la liberté de la presse, alerte Reporters sans frontières (RSF), pointant notamment une "dégradation inquiétante" aux États-Unis sous le mandat de Donald Trump.

D'après le classement annuel de l'ONG, publié vendredi 2 mai à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, médias et journalistes sont confrontés à des situations "problématiques", "difficiles" ou "très graves" dans les trois quarts des 180 pays évalués. "Pour la première fois", la situation devient "difficile" à l'échelle du monde, souligne RSF, désignant plus particulièrement le poids des contraintes économiques, illustrées par le cas américain.

Loin de la Norvège, première du classement pour la neuvième année consécutive, les États-Unis perdent deux places et se retrouvent en 57e position, derrière la Sierra Leone. "La situation n'était déjà pas reluisante" dans le pays, rétrogradé de dix places en 2024, concède auprès de l'AFP la directrice éditoriale de RSF, Anne Bocandé. Mais elle s'est encore aggravée depuis l'investiture en janvier du président américain, auteur d'"attaques quotidiennes" contre la presse. "La liberté de la presse n'est plus un acquis aux États-Unis", constatait également plus tôt cette semaine le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans un rapport sur les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump. 

Ce dernier a notamment initié le démantèlement des médias publics américains à l'étranger, comme Voice of America, privant "plus de 400 millions de personnes" d'un "accès à une information fiable", selon l'ONG. "Le gel des fonds d'aide internationale", par le biais de l'Agence américaine de développement USAID, a en outre "plongé des centaines de médias dans une instabilité économique critique" et contraint certains "à la fermeture, notamment en Ukraine" (62e, -1 place). (...)

Ces "pressions économiques", moins visibles que les exactions physiques contre les journalistes, constituent une "entrave majeure" à la liberté de la presse, insiste RSF. "Dans près d'un tiers des pays du monde", dont la Tunisie (129e, -11) et l'Argentine (87e, -21), "des médias d'information ferment régulièrement, sous l'effet des difficultés économiques persistantes". Une trentaine de pays se distinguent par ailleurs par "des fermetures massives ayant provoqué, ces dernières années, l'exil de journalistes", comme le Nicaragua (172e, -9) ou l'Afghanistan (175e, +3). En Palestine (163e,-6), la situation est "désastreuse", selon RSF, qui accuse l'armée israélienne d'avoir "détruit des rédactions et tué près de 200 journalistes", tandis que "l'absence de stabilité politique" en Haïti (112e, -18) "plonge l'économie des médias aussi dans le chaos".

Plus généralement, l'économie du secteur est "mise à mal" par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), dont les plateformes, "largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires" et participent à "la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs".

La liberté d'informer est aussi "de plus en plus entravée par des conditions de financement opaques ou arbitraires", comme en Hongrie (68e, -1) où "le gouvernement asphyxie les titres critiques via la distribution inéquitable de la publicité d'État". Même dans des pays "bien positionnés" comme la Finlande (5e) ou l'Australie (29e, +10), la concentration des médias, "menace pour le pluralisme", reste un "point de vigilance". Ainsi, en France (25e, -4), une "part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes", relève RSF, s'interrogeant sur "l'indépendance réelle des rédactions".

La situation de la liberté de la presse est qualifiée de "très grave" dans 42 pays, dont sept font leur entrée dans cette catégorie (Jordanie, Hong Kong, Ouganda, Éthiopie, Rwanda, Kirghizstan et Kazakhstan). L'Éryhtrée reste en dernière position, derrière la Corée du Nord et la Chine."

 

Questions : en vous appuyant sur les 2 documents ci-dessus

- expliquez comment a évolué la liberté de la presse dans le monde ces dernières années.

- donnez les principaux facteurs d'explication à cette évolution. Distinguez pour cela les facteurs économiques des facteurs politiques et géopolitiques.

 

II - Vers la surcharge informationnelle ?

 

Doc. 5 : "Les Français et la fatigue informationnelle. Mutations et tensions dans notre rapport à l’information", Guénaëlle Gault et David Medioni, étude de l’observatoire Obsoco, en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurés et Arte, 2022".

"Images terribles des combats en Ukraine, théories du complot démultipliées sur la pandémie, campagne présidentielle faisant une large part à l’invective, polémique sur les incidents au Stade de France en marge de la finale de la Ligue des champions, condamnations judiciaires en rafale… Toutes ces informations et bien d’autres encore déferlent non-stop à la télévision, en une des journaux, partagées, commentées et amplifiées sur les réseaux sociaux, dans des boucles WhatsApp, sujets de podcasts… Tout se passe comme si chaque individu vivait de plus en plus, dans son rapport à l’information, la même expérience que celle vécue par le réalisateur Morgan Spurlock dans son documentaire Super Size Me dans lequel il décidait de manger matin midi et soir chez McDonald’s pour mesurer les effets que cela engendrait sur sa santé. (...)

Pour une majorité de Français, il est important de s’informer régulièrement dans les médias (59%). Pour un Français sur cinq, c’est même « très » important (20%). Pour autant, les façons de le faire ont considérablement changé en une poignée d’années. Éparpillé façon puzzle. Depuis vingt ans, le paysage de l’information a connu des transformations majeures. Celles que l’on appelle encore parfois les « nouvelles » technologies de l’information sont entrées tellement rapidement dans les usages que l’adjectif paraît désormais impropre. Mais que l’on y songe : en 2005, un Français sur deux (52%) était connecté, ils sont désormais plus de neuf sur dix (92%). Il y a dix ans, 17% possédaient un smartphone, ils sont aujourd’hui 84% ; 4% une tablette, ils sont 56% aujourd’hui ; 23% étaient sur les réseaux sociaux, ils sont aujourd’hui plus des deux tiers (67%).

Ce faisant, c’est tout un écosystème qui s’est à la fois enrichi et fragmenté. Et le potentiel d’accès des Français à l’information – et au-delà leur rapport à celle-ci – qui s’en est trouvé fondamentalement transformé. Car le moins qu’on puisse dire est que les Français s’en sont saisis. De manière incrémentale, car aujourd’hui, pour s’informer, ils utilisent en effet en moyenne 8,3 canaux différents et 3,2 quotidiennement. Trois canaux dominent : le JT télévisé de 13 heures ou 20 heures (89% s’informent en général par son intermédiaire), les réseaux sociaux (83%) et la radio (82%). Mais la hiérarchie se trouve franchement modifiée si l’on ne retient que l’usage quotidien. En effet, 62% utilisent les réseaux sociaux, dont 50% plusieurs fois par jour, 55% les JT (dont 26% plusieurs fois par jour) et 46% la radio (dont 29%). Et l’on notera les usages non négligeables de formats parmi les plus récents que sont par exemple les podcasts, médias indépendants ou alternatifs. (...)

« Il est étonnant que l’on puisse déplorer une surabondance d’informations. Et pourtant, l’excès étouffe l’information quand nous sommes soumis au déferlement ininterrompu d’évènements sur lesquels on ne peut méditer parce qu’ils sont aussitôt chassés par d’autres évènements. Ainsi, au lieu de voir, de percevoir les contours, les arêtes de ce qu’apportent les phénomènes, nous sommes comme aveuglés par un nuage informationnel5. » Ces propos d’Edgar Morin datent des années 1980. Avant la naissance des chaînes d’information en continu qui font leurs débuts dans les années 1990, bien avant l’avènement du web pour le grand public et a fortiori des réseaux sociaux puisque Facebook/Meta est né en 2004 et Twitter en 2005.

Pour cerner aujourd’hui l’ampleur de ce qu’Edgar Morin appelle le « nuage informationnel », nous avons soumis les Français à un questionnement détaillé destiné à saisir à la fois leur difficulté à trier l’information et leur degré ressenti de stress et de fatigue face à son flux. De l’agrégation statistique de leurs réponses à ces questions, il ressort que ce ne sont pas moins de 53% des Français qui disent souffrir de fatigue informationnelle, dont 38% – plus d’un tiers donc ! – en souffrent « beaucoup ». À l’inverse, 19% déclarent être « peu » et 28% « pas du tout fatigués ». (...)"

 

https://www.jean-jaures.org/publication/les-francais-et-la-fatigue-informationnelle-mutations-et-tensions-dans-notre-rapport-a-linformation/

 

Questions : en vous appuyant sur le document ci-dessus

- définissez la surcharge informationnelle (ou infobésité).

- comment expliquer ce phénomène?

- quelles en sont les principales conséquences? 

 

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #1ère HGGSP

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Chaque époque a ses défis en matière de diffusion et de réception de l’information. Ici, l’article met en lumière des tensions contemporaines : le contrôle (censure) et l’excès (surcharge). Une bonne base pour alimenter la réflexion du lecteur.
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