Rotterdam : le 1er port d’Europe sur le delta du Rhin (geoimage.cnes.fr)
Publié le 7 Octobre 2024
Rotterdam : le 1er port d’Europe sur le delta du Rhin
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Cette image de Rotterdam, ville portuaire des Pays-Bas, a été prise 21 avril 2019 par le satellite Sentinel 2A. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10m. Contient des informations © COPERNICUS SENTINEL 2019
Les textes et les photos suivants sont extraits d'un article du site "geoimage.cnes.fr" consacré à Rotterdam : https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/pays-bas-rotterdam-le-1er-port-deurope-sur-le-delta-du-rhin-entre-flux-mondiaux-grands
"Situé sur la Mer du Nord, Rotterdam est le 1er port de la Northern Range, la grande façade maritime organisant toute l’Europe occidentale. Son succès s’explique par une situation exceptionnelle sur le delta du Rhin, lui donnant accès à un très vaste hinterland continental, des héritages historiques sans cesse modernisés par des politiques publiques et privés volontaristes et de gigantesques travaux d’aménagement symbolisés par l’ouverture dans les années 2000 de l’avant-port du Maasvlakte 2. La région est ainsi profondément intégrée à la mondialisation grâce à la présence d’un complexe industrialo-portuaire de première importance, des activités financières (bourse), une capitale politique La Haye - aux fonctions internationales reconnues (Cour de Justice de l’ONU, Cour pénale internationale) et une agriculture performante qui en fait le pôle mondial de la floriculture. Pour autant, cette région - du fait de ses très faibles altitudes -est confrontée à de nouveaux défis d’ampleur liés au changement climatique."
Rotterdam Europoort : le 1er port d’Europe
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"Comme en témoigne l'image, l’appareil portuaire est gigantesque puisqu’il s’étend sur 42 km de long d’est en ouest et est composé d’une succession de sous-ports spécialisés. Les installations portuaires couvrent une surface totale de 12 600 ha, dont 62 % à terre (quais, entrepôts, magasins, frigos, silos à grain, usines…) et 38 % de voies d’eau (darses, canaux, fleuve). Il dispose de 76 km de quai, de 119 km de jetées et de 202 km de digues. Cet exceptionnel complexe industrialo-portuaire et logistique représente 182 000 emplois directs et indirects et réalise 3 % du PIB national.
Avec 38 % des flux cumulés des onze ports de la Northern Range, Rotterdam est le premier port d’Europe et domine largement ses principaux concurrents que sont Anvers (17,5 %), Hambourg (11 %), Amsterdam (8 %), Bremerhaven (6 %) ou le Havre (5 %). Son trafic total se monte à 460 millions de tonnes d’échanges, dont 48 % dans les hydrocarbures, 28 % dans les conteneurs et 18 % dans les vracs solides (minerais, charbon, céréales). 70 % du trafic est à l’importation et 30 % à l’exportation. Le flux annuel se monte à 30 000 navires de haute mer et 105 000 péniches ou barges fluviales.
Conjointement aux fonctions portuaires se développent d'importantes activités industrielles dans d'immenses zones industrialo-portuaires, souvent en zones franches, qui en font la première concentration industrielle des Pays Bas et une des premières en Europe Occidentale. Comme le montre bien l’image, ces installations accueillent 5 raffineries, 55 usines chimiques, 11 usines électriques, 9 principaux terminaux pour les conteneurs et 26 terminaux pour les cargos. (...)"
Les deux nouveaux avant-ports : Maasvlakte 1 et 2
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"L’image est centrée sur les deux nouveaux avant-ports – dénommés Maasvlakte 1 et 2 – construits en pleine mer par remblaiements artificiels au prix de la mobilisation de millions de tonnes de sable, de gravier, de pierre et de béton. Par rapport au trait de côte naturel symbolisé par la ligne imaginaire joignant les deux flèches de sable présentent au nord et au sud, on peut constater qu’ils s’avancent de plusieurs kilomètres dans les eaux marines.
Au total, les terrains ainsi conquis couvrent 39,6 km². Le Maasvlakte 1 est construit entre 1964 et 1970 et voit son premier navire accosté en 1973. Initiée en 2004, la construction du Maasvlakte 2 ne débute qu’en 2010 du fait de nombreuses résistances rencontrées sur les questions environnementales. Il est cependant inauguré en 2013, bien qu’inachevé comme l’illustre bien l’image. Cet investissement gigantesque de trois milliards d’euros permet d’augmenter la surface offerte de moitié et, surtout, de tripler les capacités d’accueil des bassins.
En dehors d’un terminal pétrolier (MOT, Maasvlakt Olie Terminal) présent juste à l’entrée, d’un quai de stockage et de transbordement de minerais et d’une centrale électrique de la Compagnie du Gaz (Nederlandse Gasunie), il est pour l’essentiel spécialisé dans les terminaux pour conteneurs (cf. ECT, Europe Container Terminus, APM, APMT, RVVG) facilement identifiables. Sa création permet à Rotterdam d’être le 1er port européen et le 12em port mondial pour le trafic des conteneurs.
Son avancée dans la mer présente un double avantage, décisif face à la concurrence. Premièrement, elle permet d’avoir un chenal au tirant d’eau profond (24 m.) capable d’accueillir les plus grands navires au monde. Deuxièmement, de faire gagner un temps précieux dans les opérations d’accostage et de chargement/déchargement aux porte-conteneurs qui ne font escale que quelques heures à Rotterdam dans leur tour du monde desservant les grandes façades maritimes mondiales. (...)"
Le Haringvlietdam et le plan Delta de défense contre la mer : vers de futures adaptations au changement climatique
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"Au sud du bras du Haringvliet débute en rive gauche la province de Zélande dont on aperçoit sur l’image une des grandes îles qui la composent. Le principal intérêt de l’image est le barrage (dam) qui barre le Haringvliet au contact de la mer. Cet ouvrage est une véritable prouesse technique : long de 5 km et s’appuyant sur une ile artificielle, il est doté de 17 écluses d’écoulement parmi les plus grandes du monde qui permettent de maintenir l’équilibre entre les eaux douces et les eaux salées tout en évacuant les eaux des terres vers la mer. En effet, tout le bras à l’est du barrage est composé d’eaux douces d’origine fluviale. A l’ouest, du côté maritime, on identifie facilement les bancs de sable qui barrent en partie les passent et qui témoignent de l’importance des processus d’accumulation sédimentaire.
Ce barrage est construit entre 1955 et 1972 dans le cadre du plan Delta qui se déploie entre 1955 et 1986 en réponse aux inondations catastrophiques de 1953. En janvier –février 1953 en effet, une très violente tempête, née de la conjonction d'une grande marée et d'une dépression particulièrement active, submerge les systèmes traditionnels de digues sur 160 km. En particulier en Zélande et dans le sud de la Hollande, couvrant ainsi par exemple quasiment tout l’espace couvert par cette image. Au total, 260 000 hectares furent inondés, 50 000 maisons détruites et on compta 500 000 sinistrés et 1 865 morts.
Le plan Delta se traduit par la surélévation des digues existantes et, surtout, par la création de nouvelles digues et infrastructures (cf. Haringvlietdam) afin de réduire la ligne de côte qui passe de 800 km à seulement 100 km, tout en laissant passer la navigation fluviale et maritime, en particulier vers le port belge d’Anvers plus au sud (hors image). Ces travaux gigantesques ferment cinq bras de mer contre les marées avec la digue sur le Kramer Volkerak en 1965, les digues de fermeture du Haringvliet et du Gevelingbekken en 1971 et 1972 et le barrage anti-tempête d'Oosterscheldedam achevé en 1986.
Situé sur un littoral fragile et instable, le pays est confronté en permanence aux menaces climatiques et hydrologiques comme en témoigne l’autre grande tempête de novembre 1421 qui ravage tout le delta et engloutie 65 villages et plus de 10 000 habitants. Les Pays-Bas sont donc très sensibilisés aux questions du changement climatique (élévation du niveau marin, multiplication des aléas…). Dans ce contexte, un nouveau programme de protection de grande ampleur est aujourd’hui à nouveau à l’étude. Les Pays-Bas du fait de leur géographie sont en effet le pays d’Europe le plus menacé par une élévation possible du niveau marin."
Au nord-ouest : une agriculture intensive et sous serre et le 1er pôle mondial de la production de fleurs
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"Au sud-ouest, l’espace agricole - entourant les villes de s’Gravenzande, Naaldwijk et De Lier - correspond à des serres apparaissant en blanc ou gris sur l’image. Nous sommes ici dans la commune de Westlande qui regroupe, après fusion en 2004, les anciennes communes de De Lier, Naadlwijk, Monster et Wateringen. Bien que l’altitude moyenne soit de seulement 1 m. au dessus du niveau moyen de la mer, cette entité regroupe 105 000 habitants, soit une très forte densité de 1 161 hab./km2.
La commune de Westlande, la « ville de verre », polarise 9 000 des 10 000 hectares de serres des Pays-Bas. 80 % de la surface agricole utile (SAU) y est occupée par des serres, qui apparaissent dans les années 1880. Celles-ci regroupent aujourd’hui deux productions bien différentes : les cultures maraîchères (laitues, concombres, tomates, poivrons…) et les fleurs et plantes de jardin et d’agrément. Malgré un climat océanique humide et frais et des sols médiocres, les Pays-Bas sont ainsi devenus un des plus importants exportateurs mondiaux en valeur de fruits, de légumes et de fleurs. Ces cultures hors-sols sous serre sont chauffées au gaz naturel et gérées par ordinateurs, qui règlent jour et nuit l’humidité, la température, la lumière, les quantités d’eau et de nutriments fournis aux plantes. (...)
L’agriculture sous serre de Weslande est aussi très largement orientée vers la culture de fleurs, dont elle est un des grands pôles mondiaux. Apparue en 1594, cette activité horticole est une des grandes spécialités du pays puisqu’elle représente un tiers de la valeur agricole nationale. Cette réussite tient à la fois de traditions anciennes, d'une mobilisation de capitaux et d'acteurs exceptionnels et d'une capacité à organiser les réseaux commerciaux de collecte, de traitement et d’exportation. Les premiers marchés au cadran sont ainsi mis en place dès la fin du XIX siècle et jouent aujourd’hui un rôle central dans l’organisation régionale, nationale, continentale et mondiale du marché.
Les Pays-Bas sont d’abord le premier producteur européen de fleurs et de plantes d’ornement. Ces cultures occupent 7 % de la surface agricole utile (SAU) du pays et représentent 6,5 milliards d’euros annuels. Mais surtout, à partir de cette spécialisation productive nationale, les Pays-Bas ont aussi réussi à devenir la principale plaque tournante du marché horticole mondial en polarisant 60 % des échanges mondiaux de fleurs, qui utilisent pour l’essentiel la voie aérienne, et en étant le premier exportateur et le premier importateur mondial. (...)"
Laurent Carroué, in geoimage.cnes.fr