Le patrimoine du Mali : destruction, protection et restauration - jalon
Publié le 12 Janvier 2025
Jalon :
"Le patrimoine du Mali : destruction, protection et restauration"
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Reste de mausolée détruit à Tombouctou © Reuters - Joe Penney
SUJET : en vous appuyant sur les documents ci-dessous et sur vos connaissances, montrez les enjeux liés à la destruction et à la réhabilitation du patrimoine malien.
Doc. 1 : « Diversité, conflictualités et sociabilités au coeur de la patrimonialisation de l’islam au Mali », Soufian Al Karjousli, Diama Cissouma Togola et Anne Ouallet, in Jospeh Brunet-Jailly et al., Le Mali contemporain, IRD Éditions, 2014.
« Les villes saintes du Mali, qui sont des espaces de référence de la culture malienne fortement liée à l’islam, sont des espaces privilégiés pour les manifestations festives parce qu’elles donnent un territoire à la mémoire et aux valeurs sur lesquelles s’appuie la volonté de continuer à vivre ensemble. Un certain nombre de ces manifestations se déroulent autour de bâtiments qui structurent fortement les espaces. Il en est ainsi par exemple de la mosquée de Djenné, des trois plus anciennes mosquées de Tombouctou, mais aussi à Gao du Tombeau des Askia, autour duquel les jeunes se sont mobilisés pour en assurer la protection pendant l’invasion djihadiste. […] À Djenné, les savoirs maraboutiques ésotériques sont aussi désignés par de nombreux habitants comme un patrimoine immatériel à préserver. […] Quant aux manuscrits anciens, ils ont été repérés de façon institutionnelle comme un patrimoine à part entière, même si leur préservation est délicate à mettre en œuvre. De nombreux acteurs nationaux et internationaux se mobilisent pour leur sauvegarde et des cris d’alarme ont été lancés lors de leur mise en péril par les islamistes. Ils sont une source de références inestimables, par exemple sur les savoir-faire en termes de régulations des conflits. [...]
La destruction des symboles montrant à la fois l’enracinement local des cultures et la reconnaissance internationale par le label du patrimoine mondial de l’UNESCO est l’expression la plus visible d’une volonté de gommer toute appartenance particulière. En fait, au-delà, c’est toute la formulation locale des cultures qui est refusée et combattue, car elle est source de résistance au projet de cet islam politique mondialisé, qui s’appuie sur l’effacement de la mémoire locale. Le label UNESCO est tout spécialement interprété par l’islam salafiste comme un marquage concurrent. […] Au Mali, le porte-parole d’Ansâr ed-Din a très clairement expliqué que le passage à l’action rapide des combattants islamistes pour la destruction des mausolées de Tombouctou avait été motivé par l’inscription des biens classés de Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril, inscription à laquelle l’UNESCO avait procédé quelques jours avant le saccage. Ces destructions sont des manifestations tragiques nées d’un refus de reconnaître un patrimoine hérité localement.
Doc. 2 : « Le bien culturel de Tombouctou, une patrimonialisation discutée ? Conditions locales de réception de la notion de patrimoine de type UNESCO », Traoré Hadizatou, L’Année du Maghreb, 19, 2018.
« Ce projet de réhabilitation sonne cependant comme un simple catalyseur [= accélérateur] de tensions déjà existantes et antérieures à la destruction des mausolées. En effet, avant le classement de l’UNESCO, la gestion collective des sites faisait l’unanimité auprès de la population qui se sentait concernée du fait que sa participation à la vie des sites était sollicitée. Elle y répondait non seulement par sens du devoir religieux mais aussi par besoin d’expression d’une cohésion sociale et une appartenance à une communauté partageant les mêmes valeurs. A l’arrivé de l’Etat et de ses partenaires [l'UNESCO], bien que sa participation à la vie des sites n’ait jamais cessé d’être sollicitée, la majorité de la population s’était tout de même sentie exclue de cette gestion collectiveen voyant d’un mauvais œil l’implication exclusive des acteurs techniques et de l’aristocratie locale dans ce processus de patrimonialisation. Il s’agit d’ailleurs exclusivement des autorités religieuses puisque les élus locaux dénoncent également leur mise à l’écart. Manque de communication avec leurs représentants notamment les élus locaux et autres acteurs de la vie associative de la cité, la masse populaire semble en tout cas se replier sur elle-même. Ce repli se manifeste notamment par le refus systématique de participation financière aux travaux de réfection annuelle des mosquées et mausolées. Refus qu’elle justifie par l’inutilité de leurs apports financiers et la prise en charge désormais supposée pleinement assurée par l’UNESCO ».
Documents complémentaires (pour approfondir) :
- Doc. 1 : « Comprendre la situation au Mali en 5 minutes », https://www.youtube.com/watch?v=IHWBx7qnE98
- Doc. 2 : Le patrimoine de Tombouctou sur le site de l'Unesco : https://whc.unesco.org/fr/list/119/
- Doc. 3 : Les salafistes d' Ansar Dine détruisent la cité des 333 saints à Toumbouctou au Mali : https://www.youtube.com/watch?v=-TBSD2VpAzE
- Doc. 4 : Tombouctou reconstruit ses mausolées : https://www.youtube.com/watch?v=hIrfZiILmaQhttps://www.youtube.com/watch?v=hIrfZiILmaQ
Aide à la structuration de votre analyse
1. mobilisez les termes clés liés au sujet
2. définissez les différentes échelles d’analyse du sujet
3. complétez le tableau ci-dessous en notant les informations principales (= idées directrices de chaque paragraphe) ainsi que les citations qui s’y rapportent
Les objectifs idéologiques des groupes djihadistes |
Les acteurs et les enjeux de la réhabilitation du patrimoine détruit à différentes échelle |
Les difficultés et les critiques contre le projet de réhabilitation |
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