Introduction : les caractéristiques de la puissance à l’échelle internationale aujourd’hui

Publié le 21 Avril 2024

Introduction : les caractéristiques de la puissance à l’échelle internationale aujourd’hui

 

La puissance est la « capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire et de refuser de faire ». Raymond Aron.

 

Doc. 1 : Serge Sur, « Une montée en puissance organisée », Questions Internationales, n° 15, 2005

La puissance est d'une part une capacité de maîtriser ses propres affaires sans inférence extérieure, d'autre part d'influencer celles des autres, par l'exemple ou par la pression, enfin la capacité de peser sur les questions internationales, en les posant, en leur apportant une solution. Cette capacité comporte des degrés. Aucun État n'est dépourvu de puissance, mais elle est inégalement distribuée […].

 

Doc. 2 : Joseph Nye, « Bound to lead », 1990

La puissance militaire et la puissance économique sont deux exemples de « puissance dure » (hard power) dont il est possible d'user pour amener les autres acteurs à modifier leur position : leur exercice repose alors soit sur l'incitation (carotte), soit sur la menace (bâton). Mais il existe aussi une manière indirecte d'exercer sa puissance : un pays peut obtenir le résultat souhaité sur la scène mondiale simplement parce que les autres pays veulent le suivre, qu'ils admirent ses valeurs, suivent son exemple, aspirent à son niveau de prospérité et d'ouverture. Il importe donc au moins autant de fixer l'ordre du jour de la politique mondiale et d'exercer une force d'attraction que d'obliger les autres à vous suivre en brandissant des armes économiques ou militaires. C'est cet aspect de la puissance (obtenir des autres qu'ils veuillent faire ce qu'on veut qu'ils fassent) que j'appelle « puissance douce ». En somme, il s'agit de convaincre plutôt que de contraindre. […]

 

Doc. 3 : les principales puissances militaires dans le monde (challenge.fr, avril 2024)

 

Doc. 4 : « Soft power, hard power et smart power: le pouvoir selon Joseph Nye », slate.fr, juin 2014.

(…) Le soft, par définition, s'oppose au hard, la force coercitive, militaire le plus généralement, mais aussi économique, qui comprend la détention de ressources naturelles. Le soft, lui, ne se mesure ni en « carottes » ni en « bâtons », pour reprendre une image chère à l'auteur. Stricto sensu, le soft power est la capacité d'un Etat à obtenir ce qu'il souhaite de la part d'un autre Etat sans que celui-ci n'en soit même conscient « Co-opt people rather than coerce them »[2]. (...)
Face aux (très nombreuses) critiques, en particulier sur l'efficacité concrète du soft power, mais aussi sur son évaluation, Joseph Nye va faire le choix d'introduire un nouveau concept: le smart power. La puissance étatique ne peut être que soft ou que hard. Théoriquement, un Etat au soft power développé sans capacité de se défendre militairement au besoin ne peut être considéré comme puissant. Tout au plus influent, et encore dans des limites évidentes. A l'inverse, un Etat au hard power important pourra réussir des opérations militaires, éviter certains conflits ou imposer ses vues sur la scène internationales pour un temps, mais aura du mal à capitaliser politiquement sur ces «victoires». L'idéal selon Nye ? Assez logiquement, un (savant) mélange de soft et de hard. Du pouvoir « intelligent »: le smart power.
De là naît la nécessité pour les Etats, et principalement les Etats-Unis, de définir une véritable stratégie de puissance, de smart power. En effet, un Etat ne doit pas faire le choix d'une puissance, mais celui de la puissance dans sa globalité, sous tous ses aspects et englobant l'intégralité de ses vecteurs. Ce choix de maîtriser sa puissance n'exclue pas le recours aux autres nations. L'heure est à la coopération et non plus au raid solitaire sur la sphère internationale. Même les Etats-Unis ne pourront plus projeter pleinement leur puissance sans maîtriser les organisations internationales et régionales, ni même sans recourir aux alliances bilatérales ou multilatérales.

 

Doc. 5 : couverture du premier numéro du comics Captain America (créée par Joe Simon et Jack Kirby), décembre 1940.

 

Doc. 6 : « Le sharp power : usage d'informations trompeuses à des fins hostiles », radiofrance.fr, 1er juin 2018

(...) Deux chercheurs du think tank National Endowment for Democracy, Christopher Walker et Jessica Ludwig, ont récemment forgé un nouveau concept qui fait florès, parce qu’il semble coller aux stratégies d’influence des Russes et des Chinois, le Sharp Power. Sharp signifie pointu, piquant, tranchant. Et les deux chercheurs en question surfent sur cette métaphore pour qualifier ce nouveau type d’influence. C’est, écrivent-ils, « un pouvoir qui perce, pénètre et perfore l’environnement politique et informationnel des pays-cibles. »ceux-ci sont victimes d’une propagande qualifiée à la fois « de subversive et de corrosive ». Elle est destinée à miner de l’intérieur des démocraties occidentales jugées décadentes et donc vulnérables. En effet, nos démocraties libérales sont parfaitement capables de rivaliser sur le terrain culturel, celui du soft power. Elles demeurent attractives : voir le sens des migrations à l’échelle de la planète, le succès des films américains. Mais parce que nous sommes des sociétés ouvertes, nous nous trouvons particulièrement démunis face à des États autoritaires qui sont en position de manipuler l’opinion chez les autres, tout en la contrôlant sévèrement chez eux.
Dans la revue Foreign Affairs, Joseph Nye, l’inventeur donc du concept de soft power réagit à cette nouveauté conceptuelle, le sharp power. A ses yeux, celui-ci ressortit bel et bien du hard power. Il s’agit, en effet, je cite d’un « usage trompeur d’informations à des fins hostiles ». Lorsque Russia Today et Sputnik, les chaînes d’info du pouvoir russe, ou celle de la Chine CCTV diffusent des informations favorables respectivement à Moscou et à Pékin, cela demeure dans le registre du soft power. Il s’agit de créer un environnement favorable à leurs idées et à leurs intérêts ; et c’est aussi ce que font les Occidentaux.Par contre, lorsqu’il y a une intention délibérée de tromper, en utilisant des trolls payés ou des bots, pour submerger les réseaux sociaux, d’acheter des agents d’influence parmi les élites, là on est dans le registre du sharp power. Et c’est bien ce qu’on a observé récemment, lors des interventions russes dans plusieurs campagnes électorales en Occident. (…)
Alors que Moscou utilise les vieilles techniques du KGB – propagation de fake news (hier, la rumeur selon laquelle le Sida aurait été créé en laboratoire par la CIA, plus récemment, le « Pizzagate », selon lequel l’état-major d’Hillary Clinton se réunissait dans un restaurant pour abuser sexuellement d’enfants…), Pékin utilise des moyens bien plus subtils. D’abord, la Chine ne vise pas le grand public, mais trois cibles bien précises parce que stratégiques : les élites politiques et économiques, les médias et les universitaires. A leur égard, on use de séduction – invitations personnelles en Chine, financement de suppléments dans des journaux comme The Telegraph, Le Soir ou El Pais, ou d’évènements culturels liés au projet de « nouvelle route de la soie », entretien de lobbyistes, en particulier à Bruxelles. Mais aussi de menaces : les maisons d’édition traitant de sujets intéressant Pékin sont invitées à censurer une partie de leur contenu si elles veulent conserver leur accès au marché chinois. Le message que les dirigeants chinois cherchent à faire passer, est que leur système représente une réelle alternative au modèle démocratique libéral, illusoire et incapable de faire face aux crises. Qu’un nouvel ordre du monde, post-occidental est en cours de réalisation et qu’elle y occupera nécessairement le rôle de leader

 

Consignes de travail :

Objectif : à partir de l'ensemble documentaire ci-dessus, il s'agit de comprendre la notion de puissance dans toute sa complexité. Pour cela, vous devez réaliser une carte mentale répondant aux questions suivantes :

- Quelles sont les différentes formes de la puissance? Nommez les et proposez une définition synthétique pour chacune d'entre elles (sans oubliez de citer le nom des auteurs à l'origine de ces théories)

- Quels sont les éléments qui fondent ces différentes formes de puissance? Pour chacune d'entre elles, dressez la liste des éléments (quasi exhaustive) qui la fondent et donnez des exemples précis tirés des documents ou de votre culture personnelle.

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #1ère HGGSP

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