Les mots de la mondialisation - Vocabulaire (2ème partie)

Publié le 3 Janvier 2022

Pour compléter les cours de géographie, nous vous proposons ici un lexique approfondi des termes et notions essentiels de la mondialisation, autant outil d'apprentissage et de révision que de compréhension des logiques et dynamiques spatiales contemporaines

(suite et fin)

 

 

Flux :

Courants d'échanges, visibles ou non, qui sillonnent toute la planète. L'approfondissement du processus de mondialisation résulte de l'explosion des flux, ces-derniers mettant en effet en relation les différentes régions de la planète. Ainsi, c'est de la participation aux flux internationaux que dépend le degré d'intégration des territoires au processus de mondialisation. On peut distinguer plusieurs grands types de flux :

- les flux de personnes : touristes, migrants économiques et politiques (légaux et illégaux).

- les flux matériels : de biens de consommation, de matières premières...

- les flux immatériels : flux d'informations et flux financiers.

 

Frontière :

Limite politique entre deux États distincts. La mondialisation a des effets contradictoires sur les frontières. D'une part, dans certains pays, elle tend à renforcer leur rôle face à l'afflux de migrants (dont les clandestins), comme par exemple avec la complexification des mesures administratives d'entrée sur le territoire, la multiplication des contrôles ou même l'édification de « murs » (entre les Etats-Unis et le Mexique ou entre l'Union Européenne et le Maroc à Ceuta). D'autre part, elle tend à les ouvrir par l'abaissement ou la disparition des taxes douanières afin de faciliter les échanges internationaux, à l'échelle mondiale (OMC) comme à l'échelle régionale (UE, ALENA...). Dans ce cas, les zones frontalières peuvent être considérées comme des interfaces dynamiques de l'espace mondial.

 

Les principaux "murs" frontaliers dans le monde (2015)

 

Gentrification :

Dans un quartier urbain, processus d'installation de résidents d'un niveau socio-économique plus élevé que celui des populations initialement résidentes. Par la concentration des fonctions urbaines rares dans les grandes métropoles, la mondialisation tend à concentrer également les populations les plus qualifiées et aux revenus les plus élevés dans les quartiers centraux, les mécanismes du marché de l'immobilier (augmentation des prix des loyers...) excluant ainsi les populations moins aisées. Les quartiers de Brooklyn ou d'Harlem à New York comme les 18ème et 19ème arrondissements à Paris connaissent aujourd'hui cette forme « d'embourgeoisement » de l'espace.

 

Hub & Spokes :

Hub est un terme anglo-saxon signifiant « moyeu » (partie centrale d'une pièce tournante, comme dans une roue de vélo). En géographie, un hub désigne un aéroport dans lesquels le trafic d'une ou plusieurs compagnies aériennes est centralisé avant d'être redistribué (la perte de temps est compensée par le remplissage des avions et la concentrations des moyens de gestion). Les « spokes » (les « rayons » rattachés au moyeu de la roue d'un vélo) représentent donc les lignes aériennes qui convergent vers l'aéroport central.

Plus largement, un hub désigne, dans un réseau de transport et de communication, un nœud qui polarise et redistribue les flux.

 

Investissement Direct à l'Etranger (IDE) :

Investissement réalisé hors de leur pays d'origine par des FMN, pour créer une filiale ou acheter une entreprise. Ces flux financiers témoignent de l'internationalisation de l'économie et révèlent la plus ou moins grande attractivité des territoires au sein de l'espace mondial. Si l'essentiel des IDE a encore pour origine et pour destination les pôles de la Triade, les pays émergents (et notamment la Chine) sont de plus en plus attractifs et les FMN qui en sont issues investissent de plus en plus à l'étranger.

 

Principaux pays d'accueil des IDE (2010)

 

Interface :

Zone de contact entre deux ensembles. Dans la mesure où la mondialisation repose sur la multiplication et l'intensification des flux de toutes natures, les interfaces jouent un rôle majeur dans le fonctionnement et l'organisation de l'espace mondial, notamment les frontières et les littoraux.

 

Libéralisme économique/libre-échange/protectionnisme :

Doctrine qui considère que l'économie doit être régie avant tout par le marché (loi de l'offre et de la demande) et que l’intervention de l’État doit y être aussi limitée que possible. Elle estime donc que la défense des libertés individuelles et des intérêts privés est nécessaire au bon fonctionnement de l'économie. Le libre-échange, qui découle des théories libérales, prône la liberté de circulation des biens (matériels et immatériels) afin de favoriser la croissance économique (le célèbre « laissez faire laissez passer » de V. de Gournay).

L'explosion des échanges internationaux résulte largement de la mise en œuvre de politiques libérales qui ont « ouvert » les frontières, aussi bien à l'échelle planétaire (OMC) qu'à l'échelle régionale (ALENA, UE...).

Toutefois, ces mesures sont aujourd'hui de plus en plus critiquées, notamment par les groupes altermondialistes qui prônent parfois un retour au protectionnisme (doctrine qui vise à favoriser les productions nationales, principalement par l'établissement de droits de douanes pénalisant les productions étrangères).

 

Littoralisation :

Processus de concentration des hommes, des activités et des richesses sur les littoraux.

 

Maquiladoras :

Filiales de firmes étrangères (souvent états-uniennes) installées le long de la frontière nord du Mexique, bénéficiant d’exonérations fiscales à l’importation de pièces pour assembler et exporter des produits finaux. Ces usines profitent à la fois d'une main d'oeuvre peu coûteuse, de la proximité d'un vaste marché de consommation et de l'absence de taxes douanières dans le cadre de l'ALENA (1992). Elles témoignent de la mise en place d'une DIT/DIPP et de l'attractivité des interfaces frontalières.

 

Les maquiladoras au Mexique

 

Maritimisation :

Accroissement des échanges internationaux effectués par voie maritime (donc par les mers et les océans).

 

Mégalopole :

A l'origine, le terme de mégalopole désignait la conurbation (jonction entre plusieurs villes par l'extension de leurs périphéries) de la côte est des États-Unis s'étendant de Boston à Washington (Jean Gottman, 1961). Aujourd'hui, une mégalopole désigne un vaste ensemble urbain regroupant plusieurs métropoles plus ou moins complémentaires et reliées entre elles par un réseau d'infrastructures de transports et de communications. Il s'agit donc d'espaces de grande superficie qui concentrent populations, richesses et activités et qui occupent une place centrale dans l'organisation et le fonctionnement de l'espace mondial.

Le terme s'applique aujourd'hui à la mégalopolis du nord-est des Etats-Unis ainsi qu'à deux autres ensembles, la dorsale européenne (de Londres à Milan en passant par l'espace rhénan) et le Tokaïdo japonais (qui s'étire sur plus de 1000 Km de Tokyo à Fukuoka et rassemble plus de 105 millions d'habitants).

D’autres mégalopoles sont aujourd'hui en formation, notamment dans les pays émergents, comme en Chine littorale (entre Canton et Hong Kong) ou au Brésil (entre Sao Paulo et Rio de Janeiro).

 

Mégapole :

« Ville géante ». Agglomération dont la population dépassent les 10 millions d'habitants. Il s'agit d'une qualification quantitative, les mégapoles ne concentrant pas forcément des fonctions de commandement ou des fonctions urbaines rares.

 

Métropoles et mégapoles dans le monde (2014)

 

Métropole :

Une métropole est une étymologiquement une « ville mère » - du grec « meter » (mère) et « polis » (ville) - autrement dit une ville qui occupe une position dominante au sein d'un réseau urbain. Il s'agit d'espaces urbains qui concentrent les populations, les richesses, les infrastructures de transport et de communication, les activités et les fonctions urbaines rares. Les métropoles correspondent à des nœuds essentiels dans les réseaux d'échanges, ainsi qu'à des centres de commandement d'influence plus ou moins vaste (cf notion de « hiérarchie des métropoles »).

Les métropoles, par leur rayonnement et leur attractivité, jouent donc un rôle central dans l'organisation et le fonctionnement de l'espace mondial, en particulier les quatre métropoles mondiales définies par S. Sassen : New York, Londres, Paris et Tokyo.

 

Mondialisation :

La mondialisation (globalisation en anglais) désigne en premier lieu un processus qui tend à diffuser le libéralisme économique à l'ensemble de la planète. Dans son acception géographique, la mondialisation désigne la mise en relation généralisée et hiérarchisée des différentes régions de la planète par des flux.

Processus historique autant que concept opératoire (qui permet de comprendre le monde et ses évolutions), la mondialisation est non seulement économique mais aussi culturelle, juridique et politique (elle se manifeste alors par des transferts de souveraineté des États vers des ensembles supranationaux comme l'Union européenne ou la Cour internationale de justice).

Elle correspond donc à un changement d'échelle dans le fonctionnement et l'organisation des sociétés humaines.

 

Organisation de la plate-forme multimodale de Roissy-Charles-de-Gaulle

 

Multimodalité/plate-forme multimodale :

Il y a multimodalité lorsque est offerte la possibilité d'utiliser plusieurs moyens de transport pour relier différents lieux (fer, air, route, voie d'eau).

Une plate-forme multimodale est le lieu où s'opère un changement de mode de transports, souvent rendus compatibles par la normalisation des contenants (comme les fameux conteneurs) et des techniques de manutention. Les aéroports et les ports, en assurant le transbordement rapide des marchandises et des personnes, constituent des plates-formes multimodales essentielles aux échanges de marchandises et à la mobilité des individus.

 

Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) :

Expression qui désigne l'ensemble des techniques de l'informatique, de l'audiovisuel, des multimédias, d'Internet et des télécommunications permettant aux utilisateurs de communiquer, d'accéder aux sources d'information, de stocker, de manipuler, de produire et de transmettre l'information sous toutes les formes (texte, musique, son, image, vidéo...). Nées du progrès technique, ces NTIC constituent un facteur essentiel dans l'explosion des flux immatériels internationaux et dans les mutations sociales et culturelles contemporaines (cf la notion de « village globale » de M. McLuhan).

 

Organisation Mondiale du Commerce (OMC) :

Succédant au GATT en 1995, l'OMC est une organisation internationale (dont le siège est situé à Genève) chargée de fixer les règles du commerce dans le monde. Elle a pour but principal de favoriser l'ouverture commerciale en réduisant les obstacles au libre-échange, en aidant les gouvernements à régler leurs différends commerciaux et en assistant les exportateurs, les importateurs et les producteurs de marchandises et de services dans leurs activités. L'OMC est un acteur incontournable dans l'approfondissement du processus de mondialisation économique. Elle compte aujourd'hui 164 membres.

 

Les principales organisations économiques régionales dans le monde

 

Organisation (ou association) économique régionale/régionalisation :

Une organisation régionale est un regroupement d'États mettant en place des partenariats et des coopérations plus ou moins poussées, notamment dans le domaine économique. Par la diminution ou la suppression des droits de douane, elles instaurent de vastes zones de libre-échange où les biens et les capitaux (plus rarement les personnes) circulent sans entrave, favorisant ainsi l'intensification des flux internationaux. Depuis le début des années 1990, ces associations se sont multipliées, passant de 25 à plus de 100 actuellement. Les plus dynamiques et celles dont l'intégration économique et spatiale est la plus poussée sont celles qui se construisent autour des centres d'impulsion de la Triade (UE, ALENA).

 

Paradis fiscal :

Etat ou territoire qui garantit à des entreprises ou à des particuliers l'anonymat bancaire et des avantages fiscaux sur les placements de capitaux. Ils permettent à des sommes considérables d'échapper au contrôle des pays d'origine (évasion fiscale) et aux organisations illicites de recycler (« blanchir ») leur argent. Selon le Fonds monétaire international, 50 % des transactions internationales transiteraient par des paradis fiscaux et environ 7 000 milliards de dollars d'actifs dormiraient sur ces comptes, soit plus de trois fois le PIB de la France. On en compte environ 70 dans le monde, parmi lesquels la Panama, le Delaware (Etats-Unis), le Luxembourg, les îles Caïmans ou encore les îles anglo-normandes.

 

Les paradis fiscaux dans le monde

 

Pays atelier :

Pays où prédominent des industries peu complexes à faible valeur ajoutée (comme le textile). Ces pays, souvent peu développés, sont attractifs pour les FMN en raison du faible coût de leur main-d’oeuvre, du bas niveau de qualification nécessaire aux activités de production et des conditions salariales et/ou fiscales avantageuses. Les pays-ateliers sont intégrés au processus de mondialisation par leur participation aux flux mais restent largement dépendants et dominés par les espaces centraux.

 

Pôle/polarisation :

Lieu d'où partent et vers lequel convergent des flux. Ces lieux attirent fortement les investissements, les activités, les hommes et les flux; en retour, ils exercent une influence sur les espaces alentours. Il s'agit donc de points centraux dans un espace organisé en réseau. Les grandes métropoles et, à une autre échelle, les pays de la Triade constituent les principaux pôles de l'espace mondial (on parle d'ailleurs aujourd'hui d'une économie "multipolaire").

La polarisation définit à la fois le renforcement des pôles et l'attraction exercée par un pôle sur un espace plus ou moins étendu ; l'espace ainsi « polarisé » est nommé « zone d'influence ».

Dans l'organisation de l'espace mondial, les différents pôles sont reliés les uns aux autres et entretiennent des relations de concurrence et de complémentarité.

 

Pôles et réseaux internet dans le monde

 

Réseau :

Un réseau est un ensemble de lignes (des axes) qui s'entrecroisent en formant des noeuds (des carrefours), c'est-à-dire des points de connexion. Certains réseaux ont une existence matérielle (les réseaux routiers ou ferroviaires, les réseaux d'égouts ou de câbles souterrains), d'autres sont immatériels et invisibles dans l'espace (c'est par exemple le cas des réseaux d'échanges de services financiers ou d'informations).

L'espace mondial s'organise aujourd'hui en un réseau hiérarchisé et dominé par des pôles.

 

Technopôle/technopole :

Un technopôle (ou parc technologique) est une zone d'activités qui rassemble des entreprises spécialisées dans le secteur des hautes technologies ainsi que des structures de recherche (laboratoires...) et des centres de formation (universités...). Les technopôles sont la plupart du temps situés dans la périphérie des grandes villes, comme par exemple la Silicon Valley entre San Francisco et Oakland.

Une technopole est de plus grande envergure : il s'agit d'une ville entière spécialisée dans les hautes technologies et concentrant la main d'oeuvre hautement qualifiée (chercheurs, techniciens...).

 

Les avantages d'une implantation dans une zone franche

 

Zone franche :

Une zone franche est un espace délimité administrativement, dans lequel la législation économique nationale ne s'applique pas ; la plupart du temps, la fiscalité et les taxes douanières y ont été supprimées afin d'attirer les IDE des grandes FMN (comme par exemple dans les Zones Économiques Spéciales mises en place en Chine au début des années 1980)

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #vocabulaire, #Term Géo

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