Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875 (1ère partie)

Publié le 8 Novembre 2019

THÈME 2 : IDÉOLOGIES, OPINIONS ET CROYANCES EN EUROPE ET AUX ETATS-UNIS DE LA FIN DU XIXÈME SIÈCLE À NOS JOURS (1ère partie).

 

Chapitre 1 : Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875.

 

L'internationale, Otto Griebel (1928-30)

 

Le 18 janvier 1871, suite à la victoire de la Prusse face à la France, Bismarck (le 1er ministre du royaume) fait proclamer Guillaume Ier empereur du IIème Reich dans la galerie des glaces du chateau de Versailles. Le nouvel empire est organisé en fédération, dirigée par un souverain héréditaire, gouvernée par un chancelier et dont les États souverains gardent leurs institutions et leurs lois.

 

L'empire allemand de 1871 à 1918

 

La naissance d'une Allemagne unifiée est un événement fondamental dans l'histoire européenne de la fin du XIXème et du XXème siècle, l'empire devenant une puissance militaire, économique et démographique majeure. En effet, sous l'impulsion de la Prusse, qui s'appuie sur le charbon et l'industrie lourde de la Ruhr, l'Allemagne connaît un développement économique et démographique phénoménal : en 1913, le pays produit deux fois plus d'acier que la Grande-Bretagne et occupe la 1ère place mondiale pour les industries chimiques et électrotechniques; dans le même temps (1871-1914), la population passe de 41 millions d'individus à 68 millions.

 

Les usines BASF à la fin du XIXeme, symbole de la puissance industrielle allemande.

 

C'est dans ce contexte que la population ouvrière allemande (qui s’accroît brutalement, atteignant près de 10 millions d'individus en 1914) s'organise et se structure en mouvements politiques et syndicaux, notamment autour des idées développées par les penseurs socialistes (St Simon, Fourier et bien évidemment l'allemand Karl Marx).

On peut ainsi s'interroger sur l'influence de ces organisations de gauche en Allemagne entre 1875 (date de la création du SPD, le parti social-démocrate allemand) et aujourd'hui. Quel fut le poids politique de ces partis ? Quelles actions syndicats et partis ont-ils mené ? En quoi ont-ils transformé la société allemande ? Quelles relations entretenaient-ils entre eux?

 

I – 1875-1918 : NAISSANCE, DÉVELOPPEMENT ET DIVISION DU SOCIALISME ET DU SYNDICALISME ALLEMAND.

 

1. Naissance du socialisme allemand (jusqu'en 1875)

 

Dans la 2ème moitié du XIXème siècle, l'industrialisation amène à l'apparition et la croissance d'une nouvelle catégorie sociale: les ouvriers. Dans de nombreux pays, la « question sociale » se pose de manière plus ou moins aiguë ou violente : misère des ouvriers, très longue journée de travail, absence de droit, de protection et de congé, travail des enfants... A l'âge d'or du capitalisme libéral, les ouvriers apparaissent dans bien des cas comme les laissés-pour-compte de la croissance économique et du progrès.

Peu à peu, ce "prolétariat" (terme qui désigne pour Marx la classe sociale opposée aux capitalistes, qui ne possède aucun capital et qui doit donc vendre sa force de travail pour subvenir à ses besoins) se regroupe et s'organise pour défendre et améliorer ses conditions de vie et de travail. Cette structuration des travailleurs salariés s'inspire largement des idées développées par K. Marx et F. Engels dans leur « Manifeste du Parti Communiste » de 1848. Ces derniers considèrent que, dans le cadre de la lutte des classes (qui oppose prolétariat et bourgeoisie), les ouvriers doivent prendre le pouvoir politique et économique par la révolution afin de mettre en place une société égalitaire (c'est à dire sans classe) et libre. Ils sont à l'origine de la 1ère Internationale (AIT) créée en 1864 à Londres qui regroupe les mouvements ouvriers des différents pays d'Europe.

 

Statues de Marx et Engels à Berlin (ex-RDA)

 

L'apparition de partis politiques et de syndicats se réclamant du socialisme est relativement précoce en Allemagne. S'il faut en effet attendre 1905 pour voir la création de la SFIO en France, deux mouvements socialistes apparaissent en Allemagne dés la décennie 1860 :

  • Le socialisme réformiste de Ferdinand Lassale : pionnier du socialisme, Lassale se distingue de Marx en acceptant le jeu de la démocratie. Pour lui, l'amélioration de la condition ouvrière doit être obtenue grâce au suffrage universel qui permet la conquête pacifique du pouvoir politique et de l’État. Il fonde dés 1863 l'Union Générale Allemande des Ouvriers (ADAV), 1er parti social-démocrate allemand, et développe des associations et des coopératives ouvrières.

  • Le courant révolutionnaire d'August Bebel et Wilhelm Liebknecht : plus proche du marxiste, ils rejettent la vision de Lassale et prônent la révolution. Ils créent le Parti Sociale Démocrate des Ouvrier en 1869 (SDAP)

 

Les dirigeants du mouvement social-démocrate à ses débuts : August Bebel et Wihelm Liebknecht du SDAP (en haut); Karl Marx (au milieu); Carl Wilhelm Tölcke et Ferdinand Lassalle de l'ADAV (en bas).

 

Le socialisme allemand est donc dés l'origine affaibli par ces divisions internes. C'est sous l'impulsion de W. Liebknecht que les deux courants vont se rapprocher en 1875, lors du congrès de Gotha, pour former le parti social-démocrate, qui prend dans un premier temps le nom de SAP (parti socialiste allemand) avant d'être rebaptisé SPD en 1890. Le programme issu de la conférence de Gotha témoigne de ces deux orientations, réformiste et marxiste/révolutionnaire et en constitue une sorte de synthèse (même si le SDAP renonce par exemple à l'expropriation des moyens de production voulue par Marx). Cette synthèse ne fait cependant pas l'unanimité au sein du SAP/SPD et les critiques se multiplient (dont Marx lui-même).

 

2. Les mouvements socialistes face à Bismarck (1875 - 1890)

 

Pour Bismarck, les socialistes représentent une menace révolutionnaire, aussi bien en raison de leur idéologie que de part le nombre croissant d'adhérents. Malgré l'introduction du suffrage universel masculin au parlement (Reichstag), l'empire reste en effet un régime plutôt autoritaire où l'exécutif domine largement le législatif (le reichstag peut par exemple être dissout par le chancelier). Le 21 octobre 1878, Bismarck fait voter des lois antisocialistes (en vigueur jusqu'en 1890) pour combattre l'influence du SAP sur les ouvriers (1/3 de la population active environ à cette époque). Cette politique prend deux formes :

  • répressive : Bismarck fait interdire le SAP, interdit toute forme de propagande, supprime ses journaux et force ces dirigeants à l'exil

  • sociale: il multiplie les réformes sociales pour s'attacher le soutien de la population ouvrière : assurance maladie (1883), assurance contre les accidents du travail (1884)...

Cette politique est toutefois un échec pour Bismarck qui n'arrive pas faire disparaître le SAP. En effet, le parti devenu clandestin conserve le droit de présenter des candidats aux élections locales et législatives (sans "l'étiquette" SAP) et voit son pouvoir politique augmenter au Bundestag et dans les municipalités de l'empire. En outre, le SAP maintient des liens étroits avec les ouvriers: la presse socialiste se diffuse, des associations culturelles (théâtres, orchestres, bibliothèques...) et sportives pour les travailleurs se développent, des coopératives ouvrières apparaissent et les syndicats se multiplient. Autorisés en 1878, ces « syndicats libres » (organisés par branches d'activités) constituent un élément majeur de la puissance et de l'influence du SAP (bien que tous les syndicats ne soient pas  socialistes).

Le SAP met ainsi en place une véritable « contre société » socialiste et devient un modèle pour les autres mouvements de gauche en Europe.

 

3. Essor et division des mouvements socialistes en Allemagne (1890 – 1918)

 

Dans les années 1910, l'Allemagne est devenue la 1ère puissance économique européenne; l'empire fonde son dynamisme sur l'industrie lourde (sidérurgie) et sur les activités nées de la 2ème Révolution Industrielle (chimie, électricité). D'immenses conglomérats industriels (konzern) apparaissent, comme Krupp pour la sidérurgie ou Bayer pour la chimie. Les effectifs ouvriers augmentent et le SAP/SPD ainsi que les syndicats connaissent un succès croissant.

  • Rebaptisé SPD après le départ de Bismarck, le parti social-démocrate devient l'un des plus puissants partis politiques d'Allemagne. Le nombre de ses représentants au Bundestag ne cesse de croître au point d'y devenir le parti le plus représenté en 1912 (35% des suffrages, 110 députés). Le parti, qui compte plus d'un million d'adhérents, ne mobilise pas seulement des ouvriers mais aussi des intellectuels.

 

Les résultats électoraux du SPD entre 1871 et 1912

 

  • En 1892, les « syndicats libres » se regroupent et forment une confédération puissante sous la direction de Carl Legien: la Confédération Générale des Syndicats Allemands (GGD puis ADGB en 1919), proche du SPD. Elle regroupe 57 organisations représentants 300 000 adhérents. Pour encadrer et défendre la classe ouvrière, le syndicat organise des grèves (comme celles des mineurs en 1892 et 1905) et met à la disposition des adhérents bibliothèques, dispensaires ou encore lieux/activités de loisirs. En 1914, l'organisation compte 2,5 millions de membres.

 

Les effectifs syndicaux en Allemagne entre 1892 et 1913

 

On voit donc se mettre en place en Allemagne une société et une culture ouvrière, dont l'apogée se situe entre 1890 et 1914.

L'amélioration de la condition ouvrière en Allemagne, liée à la réussite économique du pays et aux lois sociales mises en place sous l’influence des mouvements socialistes, a des conséquences sur la doctrine du parti. En 1890, Eduart Bernstein théorise le "révisionnisme" et s'éloigne de l'idéologie marxiste : il opte pour le réformiste (au lieu de la révolution) dans le cadre d'un État démocratique et se rapproche en cela de la bourgeoisie. Le SPD s'éloigne de son identité ouvrière et marxiste dans la pratique même s'il le reste dans la théorie comme en témoigne le programme issu du congrès d'Erfurt de 1891. Les thèses de Bernstein divisent le SPD. Si la tendance réformiste est majoritaire au sein du parti et de ses dirigeants, une gauche plus radicale/marxiste/révolutionnaire subsiste, notamment autour de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht (fils de Wilhelm Liebknecht, fondateur du SDAP).

 

Rosa Luxemburg au congrès du SPD en 1907 (derrière elle, les portraits de Lassalle et Marx)

 

La 1ère Guerre mondiale vient accroître ces divisions. En 1914, le SPD renonce à la grève générale et accepte l'union sacrée. Il espère ainsi obtenir davantage de droits pour les ouvriers en soutenant l’effort de guerre (il ne faut également pas négliger l'importance du sentiment nationaliste, très fort dans la jeune Allemagne à cette période, comme dans toute l'Europe d'ailleurs). Ce soutien au gouvernement impérial est critiqué par une minorité du SPD qui considère cette ligne politique comme contraire aux principes du parti (la 2nde Internationale est opposée à la guerre) : R. Luxemburg et K. Liebknecht sont exclus du parti et fondent la Ligue Spartakiste en 1916 (ancêtre du KPD, parti communiste allemand) qui milite pour l'arrêt de la guerre et le pouvoir aux conseils ouvriers. Luxembourg et Liebknecht sont emprisonnés en 1916 pour pacifisme. En avril 1917, les opposants à la guerre exclus du SPD forment le Parti Social-Démocrate Indépendant (USPD), dissidence du SPD dit majoritaire (MSPD).

 

II – 1918-1945 : DE LA DIVISION À L'INTERDICTION DU MOUVEMENT OUVRIER.

 

1. Les années sanglantes (1919 - 1921)

 

La situation militaire désastreuse et la misère qui règne en Allemagne en 1918 entraînent une vague d'insurrections révolutionnaires. Fin octobre 1918, les marins de Kiel se mutinent et refusent d'appareiller pour aller combattre la Royal Navy. Les ouvriers de la ville prennent aussitôt fait et cause pour les marins. Début novembre, la ville est aux mains des insurgés : tous les navires arborent le drapeau rouge alors que des conseils de soldats se mettent en place et diffusent leurs revendications (libération simultanée des mutins arrêtés et des détenus politiques, liberté totale d'expression et liberté de la Presse...).

 

Conseils des soldats de Kiel ("soviet"), novembre 1918

 

Partis de Kiel, les troubles révolutionnaires gagnent ensuite les grands centres urbains (Hambourg, Brême, Hanovre, Munich...) et marquent le début de la "Révolution Allemande" de 1918-1919. Kurt Eisner, membre du USPD proclame par exemple la naissance d'une « République Libre » en Bavière. Le 9 novembre, face à la révolution, l'empereur Guillaume II abdique : la République est proclamée par Philipp Scheidemman et Friedrich Ebert en devient chancelier (leaders du SPD "majoritaire"), deux heures avant que K. Liebknecht ne proclame de son côté la naissance d'une République socialiste. Le socialisme allemand est ainsi encore une fois divisé : le SPD "majoritaire" souhaite assurer une transition démocratique en confiant au peuple le soin d'élire au suffrage universel une assemblée constituante (volonté de préserver l'unité de l’État dans la défaite) alors que les Spartakistes et l'USPD veulent instaurer un régime socialiste et étendre la révolution à toute l'Europe. Ils sont encouragés en cela par le succès des Bolcheviks en Russie qui, suite aux révolutions de février et d'octobre 1917, prennent le pouvoir et établissent une "dictature du prolétariat" dirigée par  Lénine. Le gouvernement d'Ebert se rapproche du commandement militaire allemand afin d'assurer sa stabilité; c'est par exemple l'armée qui mate violemment une mutinerie de soldats le 23 novembre à Berlin, provocant la rupture définitive  au sein du SPD, l'aile gauche voyant dans cette intervention un acte anti-révolutionnaire. Le 30 décembre, les spartakistes et des membres de l'USPD crées le parti communiste allemand (KPD): le divorce est consommé.

 

"Que veulent les spartakistes?" Affiche de propagande du KPD/Spartakiste de 1919

 

En janvier 1919, les ouvriers de plusieurs grandes villes se mettent en grève et réclament la démission d'Ebert. Le 4 janvier 1919, le préfet de police de Berlin Emil Eichhorn, qui appartient à l'aile gauche du SPD indépendant, est démis de ses fonctions par le gouvernement. L'extrême-gauche dénonce aussitôt ce renvoi comme une provocation et décide d'organiser une manifestation à laquelle se rallient les spartakistes. La manifestation tourne rapidement à l'insurrection : c'est le début de la semaine "sanglante" qui dure du 6 au 13 janvier 1919. Le ministre SPD Gustav Noske est chargé de mater la révolte et utilise pour cela l'armée et les corps francs ("Freikorps", milices paramilitaires, souvent composées d'anciens combattants démobilisés). La répression est violente; R. Luxemburg et K. Liebknecht sont assassinés le 15 janvier. Les corps francs continuent de lutter contre les mouvements communistes dans le reste de l'Allemagne afin d'éviter un scénario à la russe jusqu'en 1921.

 

Scène de rue à Berlin pendant la "semaine sanglante" (janvier 1919)

 

Scène de rue à Berlin pendant la "semaine sanglante" (janvier 1919)

 

2. Socialistes et communistes dans l'Allemagne de Weimar (1921 - 1932)

 

Ces événements marquent une rupture profonde et durable au sein de la gauche allemande:

  • le SPD s'est rapproché des forces conservatrices et nationalistes pour sauver la démocratie parlementaire. Par la suite, le SPD s'allie avec le Zentrum et le centre-droit dans une coalition qui fait de La République de Weimar un régime de compromis. Le SPD est ainsi devenu un parti de gouvernement qui a abandonné toute démarche révolutionnaire et voit son influence croître (il compte plus d'un million d'adhérents en 1930). Le parti, relayé par les puissants syndicats (l'ADGB regroupe près de 9 millions de membres à la fin des années 1920) font ainsi accepter de nombreuses revendications : vote des femmes dés 1918, nationalisation de certains secteurs industriels, journée de travail de 8 heures, assurance chômage (1927), construction de logement, mise en place de conventions collectives (texte réglementaire définissant chacun des statuts des employés d'une branche professionnelle, après une négociation passée entre les organisations représentant les employeurs et les organisations représentant les salariés). Le SPD désigne le KPD comme son principal opposant politique.

 

Affiche électorale du SPD (1932)

 

  • A partir de 1923, le KPD rentre en opposition frontale avec le SPD. Fort de plus de 300 000 membres, très bien implanté au niveau local et membre du Komintern (organisation internationale fondée en mars 1919 qui vise à regrouper tous les partis communistes afin de faciliter son extension ; elle permet surtout à Moscou d'exercer une forte influence sur les PC européens), le parti devient de plus en plus hostile aux sociaux-démocrates: en 1928 le Komintern fait de la lutte contre la sociale-démocratie un des objectifs prioritaires des communistes, le SPD étant même qualifié de parti « social-fasciste » et considéré comme un allié de la bourgeoisie... Avec la crise économique de 1929, qui provoque une explosion du chômage (6 millions en 1932) et un retour de l'inflation, le KPD voit son influence s'accroître et ses scores électoraux progresser

 

Affiche électorale du KPD (1932)

 

Au début des années 1930, le SPD et le régime républicain de Weimar sont donc attaqués à la fois par l'extrême gauche et l'extrême droite, et ce malgré les avancées sociales des années 1920. Le SPD considère les communistes comme leur principal opposant et sous-estime le NSDAP d'Hitler. Le KPD refuse de former un front républicain avec le SPD pour contrer les nazis aux élections de 1932 (même si militants communistes et nazis s'affrontent régulièrement dans les combats de rue). Cette division profite au NSDAP qui remporte les élections, en ayant su capter une large part de l'électorat ouvrier (en 1930, 28% de ses membres sont ouvriers; d'ailleurs, le nom du parti est celui du premier parti révolutionnaire allemand - SDAP - auquel Hitler a accolé le terme "national") et en ayant par ailleurs bénéficié du soutien des milieux d'affaires germaniques. Hitler arrive au pouvoir le 30 janvier 1933.

 

Evolution comparée des % de voix obtenues par le KPD et le NSADP entre 1928 et 1933

 

Résultats des élections de 1933.

[=> crise économique + propagande anti-républicaine (le mythe du coup de poignard dans le dos lié à la signature du "diktat" de Versailles par la jeune République de Weimar) + division de la gauche = succès du NSDAP]

 

3. La gauche face au nazisme (1933 – 1945)

 

Hitler organise une véritable persécution contre les mouvements socialistes. Pour le nouveau dirigeant du IIIeme Reich, les communistes représentent un danger majeur pour la nation allemande, la lutte des classes empêchant l'unité raciale du volk allemand au coeur du projet idéologique nazi. Ainsi, le 27 février 1933, prenant prétexte de l'incendie du Reichstag dont ils rendent les communistes responsables, les nazis font arrêter plus de 4000 militants de gauche puis font interdire tous les partis politiques (dont le SPD et le KPD) et les syndicats entre mars et juin 1933. Les dirigeants et les sympathisants socialistes et syndicalistes sont progressivement internés dans des camps de concentration (comme dans celui de Dachau; ils y portent le triangle rouge comme tous les prisonniers politiques). C'est par exemple le cas de cas d'Ernst Thälmann, secrétaire général du KPD, arrêté en mars 1933 ; il meurt à Buchenwald en 1944. D'autres sont contraints à l'exil. Parallèlement, Hitler met en place de nouvelles structures pour encadrer les ouvriers et remplacer syndicats et partis de gauche comme le front Allemand du Travail (organisation corporatiste). A partir de janvier 1934, les grèves sont interdites.

 

Le Reichstag en feu, 27/28 février 1933

 

La résistance est très difficile car le régime nazi utilise la violence et la terreur pour empêcher toute forme d'opposition politique. A l'intérieur, elle est surtout passive (dans le travail par exemple) et s'organise davantage de l'extérieur comme avec le SPD, qui se reconstitue à Prague fin 1933 sous le nom de SoPaDe (il se déplace ensuite à Paris de 1938 à 1940, puis à Londres jusqu'en 1945) et publie par exemple le "Manifeste de Prague" qui incitait au soulèvement contre Hitler.

Les nazis ont donc considérablement affaibli (et même en grande partie "décapité" ) les mouvements socialistes en Allemagne.

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #Term Histoire

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