Faire la guerre : l'opération "déluge d'Al-Aqsa".

Publié le 8 Octobre 2023

Faire la guerre : l'opération "déluge d'Al-Aqsa".

 

Des roquettes sont tirées de la ville de Gaza en direction d’Israël le 7 octobre 2023. (MAHMUD HAMS / AFP)

Doc. 1 : interview de Bertrand Badie (14'10), spécialiste des relations internationales, France Inter, le 08.10.2023

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-journal-de-13h-du-week-end/journal-13h00-du-dimanche-08-octobre-2023-2656864

 

Doc. 2 : "Attaque du Hamas contre Israël : notre carte pour comprendre la situation autour de la bande de Gaza", lemonde.fr, le 08.10.2023

Le Hamas a attaqué Israël par surprise, samedi 7 octobre, tirant des milliers de roquettes depuis la bande de Gaza et infiltrant des centaines de combattants en territoire israélien, où ils ont capturé un nombre important de civils et militaires. L'armée israélienne n'a pas tardé à riposter et a mené des frappes aériennes sur la bande de Gaza, disant avoir détruit plusieurs bâtiments présentés comme des "centres de commandement" du Hamas.

 

Doc. 3 : "Le conflit israélo-palestinien en cinq questions" (extraits), radio-canada.ca, le 08.10.2023

"(...) Qu'est-ce que le Hamas? Le Hamas est la plus importante organisation islamiste palestinienne. Elle dirige la bande de Gaza, une bande de terre située sur la rive de la Méditerranée et bordée par l'Égypte à l'ouest, et par Israël au sud et à l'est. Le groupe s'est engagé à précipiter la destruction de l'État hébreu et a mené plusieurs guerres contre Israël et son armée depuis la prise de contrôle de Gaza, en 2007. L'enclave, soumise à un blocus économique depuis une quinzaine d'années, était auparavant sous le contrôle du Fatah, un autre mouvement politique qui contrôle aujourd'hui la Cisjordanie, territoire palestinien situé à l'est. Entre ces guerres, le Hamas a souvent tiré ou permis à d'autres groupes de tirer des roquettes, souvent de fabrication artisanale, en direction d'Israël, en plus de mener de nombreuses attaques meurtrières. Le groupe est considéré comme une organisation terroriste par plusieurs gouvernements, dont ceux du Canada et des États-Unis, ainsi que par l'Union européenne, sans oublier Israël.

De son côté, l'État hébreu a bombardé les positions du Hamas et ciblé ses leaders à de nombreuses reprises. Le blocus qu'Israël impose à Gaza, qui a d'importantes conséquences économiques et humanitaires pour la population palestinienne qui s'y trouve, est présenté comme une façon d'assurer la sécurité du pays. Certaines organisations, comme la Croix-Rouge internationale, affirment que le blocus viole le droit international, mais un rapport récent de l’ONU a conclu que le blocus de Gaza n’est pas illégal.

Pourquoi cette offensive est-elle différente? (...) L'attaque du Hamas a semblé prendre les forces israéliennes par surprise, même si celles-ci sont spécialement entraînées pour un éventuel conflit avec les groupes palestiniens. Au dire de Ronen Bergman, journaliste du New York Times, les conséquences humaines d'une invasion et d'une occupation de la bande de Gaza ainsi que le prix élevé de la gestion de ses millions de résidents ont poussé Israël à décider de s'appuyer sur un réseau de renseignement pour détecter les futures attaques. Ce système ne semble pourtant pas avoir réussi à prédire cette nouvelle offensive. Deuxièmement, l'ampleur des moyens utilisés par le Hamas dépasse largement les armes et méthodes utilisées lors des précédents affrontements : non seulement les militants du groupe ont-ils réussi à franchir, en plusieurs endroits, la barrière de sécurité érigée par Israël pour se protéger, avant de s'en prendre à des villes et des bases militaires israéliennes, mais jamais n'a-t-on vu autant de roquettes être tirées contre l'État hébreu – au moins 3000, selon ce que rapporte le New York Times. Certains médias et vidéos diffusées en ligne font aussi état de parapentes employés par les forces du Hamas, qui se révèlent bien plus équipées que prévu. De quoi surprendre une armée israélienne pourtant maîtresse des airs et de la mer, en plus de disposer d'une supériorité technologique écrasante.

Quelle est la situation politique en Israël? L'offensive survient au moment où la société israélienne est plus divisée que jamais. Redevenu premier ministre après avoir brièvement perdu son poste, menacé par des poursuites, Benyamin Nétanyahou, déjà à droite de l'échiquier politique, a besoin des députés de la droite dure pour s'assurer que son gouvernement dispose d'une majorité d'élus. Dans la foulée de son retour comme premier ministre, M. Nétanyahou a entamé une réforme vivement controversée du système judiciaire. (...). Une grande partie de la société israélienne est descendue dans la rue pour dénoncer ce qui est qualifié de virage autoritaire. Des centaines de milliers de personnes manifestent, semaine après semaine, pour réclamer l'abandon de la réforme, jusqu'ici sans succès. Ce conflit pourrait toutefois unir la population israélienne, comme cela s'est déjà produit à de multiples reprises, lorsque le risque est jugé « existentiel »; c'est du moins l'avis du journaliste français Vincent Hugeux, de passage sur les ondes des Faits d'abord, sur ICI Première.

L'État hébreu poursuit aussi ses démarches pour normaliser ses relations diplomatiques avec d'autres pays du Moyen-Orient, dont des nations historiquement alliées à la cause palestinienne. Ce processus, qui concerne présentement l'Arabie saoudite, sous l'égide des États-Unis, pourrait être suspendu en raison de la reprise des combats, estime le New York Times. (...)"

 

Explosion d’une tour d’habitation palestinienne, à la suite d’une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, samedi 7 octobre 2023. (ADEL HANA / AP)

 

Doc. 4 : "Conflit israélo-palestinien : l’attaque du Hamas arrive à un moment historiquement symbolique", rtbf.be, Lavinia Rotili, le 07.10.2023

"(...) Aujourd’hui, c’est le Hamas, considéré en Europe et aux États-Unis comme une organisation terroriste, qui enclenche l'escalade avec une opération appelée le "Déluge d’Al-Aqsa". Et le timing n’a rien d’anodin : 2023 marque l’année du 75e anniversaire de l’État d’Israël et, surtout, ce 6 octobre marquait le cinquantième anniversaire du début de la guerre du Kippour qui, en 1973, avait entraîné la mort de 2600 Israéliens et 9500 victimes et disparus du côté arabe. "Il y a souvent des dates sensibles dans ce conflit et ici, il s’agit d’une date symbolique, qui rappelle qu’il y a 50 ans jour pour jour, on était prêt à en découdre pour récupérer les territoires occupés par Israël. La date est donc propice à l’ébranlement des deals signés depuis les Accords d’Abraham et qui ont brisé le monde arabe", analyse Didier Leroy, chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD) et à l’ULB. Signés à la Maison Blanche en pleine présidence Trump entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, ces accords, prévoyant la normalisation des relations entre ces pays, ont été vécus comme une trahison de la part des responsables palestiniens.

Pourtant, la cause des affrontements est bien plus profonde, estiment Didier Leroy et Bichara Khader, professeur émérite du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe contemporain de l’UCLouvain. "D’un côté, il y a un aspect opportuniste dans le timing choisi par le Hamas, dans la mesure où cela permet un certain écho médiatique. Mais il est clair que la constante depuis des années, c’est la poursuite de la colonisation israélienne, sur laquelle Tel Aviv n’a pas de volonté de faire machine arrière", éclaire le chercheur à l’IRSD. "La colonisation israélienne est certainement une cause profonde de ce à quoi on assiste aujourd’hui, clame Bichara Khader. La situation à Gaza est dramatique : dans cette enclave, les gens ne peuvent pas s’approvisionner ni se faire soigner, ils ne peuvent pas sortir facilement. Et Israël viole sans cesse les règles internationales, comme l’attestent Amnesty International ou le rapporteur de l’ONU pour le Moyen Orient". (...)

Quant à la temporalité de l’offensive, elle reste tout de même étonnante. "On pouvait s’attendre à une reprise des hostilités, mais pas si tôt, commente Olivier Leroy. Si on regarde la chronologie des événements et qu’on analyse les données, on peut observer que, par rapport aux affrontements de 2021, cela a pris relativement peu de temps au Hamas pour relancer les opérations, ce qui laisse planer le doute sur le fait que d’autres puissances puissent le soutenir". Le chercheur à l’IRSD fait référence notamment à ce que l’Iran appelle les "six armées de Téhéran hors Iran", à savoir des milices non étatiques mais appuyées par l’Iran. On y retrouve notamment le Hamas à Gaza, le Hezbollah libanais, le Jihad islamique en Cisjordanie, les Houthis au Yémen, les Forces de la mobilisation populaire en Irak et les forces pro gouvernementales en Syrie. "Ce serait évidemment le pire des scénarios possibles", nuance Didier Leroy, ajoutant qu’à ce stade il est difficile de savoir comment le Hamas a pu organiser l’offensive ou comment les autres pays de la région vont réagir. "À ce stade, à l’échelle régionale, il faudra rester attentifs à plusieurs éléments. Le Hezbollah libanais n’attend que de pouvoir prêter main-forte aux Palestiniens, mais il est freiné par la fragile situation économique de son pays. S’il commençait à intervenir, il mettrait à mal les initiatives que le Liban est en train d’entreprendre pour se redresser sur le plan économique, et notamment l’exploitation de gisements gaziers qui vient de commencer. Il se mettrait à dos une grande partie de la société."

Un autre indicateur intéressant, c’est la situation en Cisjordanie : "Si la population ne se mobilise pas, cela voudra probablement dire que le Hamas aura mal pris la température, mais si des violences éclatent ou que des attaques terroristes se vérifient, il est alors probable que les autres acteurs externes se mobilisent.""

 

Doc. 5a : Les réactions internationales à l'attaque du Hamas contre Israël, legrandcontinent.eu

 

Doc. 5b : "Guerre entre le Hamas et Israël, le monde en ordre dispersé", la-croix.com, Laurent Larcher, le 08/10/2023.

"Face aux attaques du Hamas contre Israël, la communauté internationale manifeste, une nouvelle fois, ses profondes divisions. Elles ont été condamnées par le bloc occidental emmené par les États-Unis.

Le bloc occidental condamne le Hamas. Le président américain Joe Biden a rappelé que «les États-Unis sont aux côtés d’Israël. Jamais nous ne manquerons de le soutenir ». Et le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a exprimé la « solidarité » de l’UE avec Israël. De très nombreux États membres de l’UE ont condamné publiquement ces attaques, à commencer par la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, la Tchéquie et la Pologne. Il en est de même pour l’ancien membre de l’Union européenne, le Royaume-Uni.

Le bloc indo-pacifique également. Les trois grandes puissances alliées aux États-Unis dans l’Indo-Pacifique ont aussi pris position contre le Hamas. Le premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré ce dimanche qu’«Israël a le droit de se défendre, et il le fera ». La veille, le premier ministre indien Narendra Modi s’était dit « profondément choqué » par ces attaques, indiquant que son pays était « solidaire d’Israël ». Et le Japon a également condamné « fermement » les attaques du Hamas. En Afrique subsaharienne, le Kenya est aussi sur cette ligne.

Ceux qui condamnent Israël. En opposition frontale, il y a ceux qui se rangent clairement du côté du Hamas. D’abord, l’Iran. Le porte-parole de son ministère des affaires étrangères, Nasser Kanani, a salué ces attaques. « Nous soutenons cette fière opération “Déluge d’Al-Aqsa” », a aussi déclaré le général des Gardiens de la révolution, Yahya Rahim-Safavi. Dans ce camp, on compte la Syrie et les houthistes du Yémen. Avec eux, il y a les pays qui, sans exprimer un soutien clair au Hamas, font porter la responsabilité de la guerre à Israël. C’est le cas de l’Algérie et de nombreux pays du Golfe comme l’Irak, le Koweït, le Qatar ou Oman.

La troisième voie. Enfin, il y a le bloc, important, de ceux qui appellent à la désescalade sans condamner un camp ou l’autre. Parmi ces pays, la Chine, qui s’est dite «profondément préoccupée par l’escalade actuelle des tensions et de la violence entre la Palestine et Israël ». La Russie, la Turquie, le Brésil, l’Égypte, l’Arabie saoudite expriment une même inquiétude sans prendre parti. « Que les attaques et les armes cessent, je vous en prie ! », a exhorté à son tour le pape François, dimanche, en s’abstenant lui aussi de nommer l’agresseur.

L’ONU impuissante. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir ce dimanche soir une réunion d’urgence sur l’attaque du Hamas contre Israël. Compte tenu des divisions de la communauté internationale sur le sujet, sa marge de manœuvre est étroite. À la veille de cette réunion, son secrétaire général, Antonio Guterres, avait toutefois lui aussi condamné les attaques du Hamas."

 

Des Palestiniens célèbrent la destruction d'un char israélien capturé dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Hassan Eslaiah/AP/SIPA)

 

Liens :

- https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/08/attaque-du-hamas-contre-israel-notre-carte-pour-comprendre-la-situation-autour-de-la-bande-de-gaza_6193163_3210.html

- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2016028/conflit-israel-palestine-explications

- https://www.rtbf.be/article/conflit-israelo-palestinien-lattaque-du-hamas-arrive-a-un-moment-historiquement-symbolique-11268105

- https://legrandcontinent.eu/fr/2023/10/07/israel-et-la-guerre-du-soukkot-geopolitique-des-reactions-a-lattaque-du-hamas-du-7-octobre-carte-exclusive-mise-a-jour-15h30-x-x/

- https://www.la-croix.com/international/Guerre-entre-Hamas-Israel-monde-ordre-disperse-2023-10-08-1201285996

 

Rédigé par Team Histoire-Géo

Publié dans #étude de cas, #Term HGGSP

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